mercredi 2 avril 2008

Amplificateur Intégré GEMINCORE 2x250


Origine : France - Prix : 1995 € - fabriqué et commercialisé par EARS




En dépit de sa simplicité, pour ne pas dire de son aspect extérieur d’une grande banalité, l’ampli de puissance Gemincore 2x250 a été réalisé avec le plus grand soin et met en œuvre une technologie avancée. Cette attention concerne tout d’abord le boîtier en acier et son compartimentage interne renforçant l’isolation des circuits d’amplification par rapport aux alimentations. La façade en aluminium brossé, d’épaisseur 10 mm, comporte un discret logo gravé au laser dans la masse. Notons que Gemincore pense également aux applications professionnelles en proposant le 2x250 sous la forme d’un boîtier aux dimensions imposantes (et inhabituelles pour un ampli numérique) : largeur 19 pouces sur 2 U de hauteur, livraison avec équerres de rackage séparées.

Il s’agit d’un amplificateur de conception et de fabrication entièrement françaises, s’appuyant sur des recherches menées dès les années 80 par René Lambruschi et Nicola Lomuto sur l’amplification numérique. C’est ainsi que ce bloc de puissance stéréo combine à lui seul un bon nombre d’arguments originaux, rarement juxtaposés au sein d’un seul et même boîtier. Il s’agit tout d’abord d’une conception intégralement double mono, y compris les transformateurs et circuits d’alimentation, qui sont du type linéaire. Ces alimentations occupent d’ailleurs une bonne partie du volume total de la circuiterie, puisqu’elles sont équipées d’un transformateur de 500 VA chacune. Une grande attention a été portée aux condensateurs de filtrage. Ceux-ci totalisent plus de 45 000 µF par voie en associant à la fois des condensateurs BHC à grande capacité et faible résistance série et une mise en parallèle de plus petites valeurs, choisies pour leur comportement dynamique. Enfin, l’appareil intègre d’origine un filtre secteur.



Gemincore installe ensuite dans son ampli 2x250 deux exemplaires d’un module d’amplification PWM très intégré, se présentant sous la forme d’un circuit imprimé compact de 7 cm sur 8, ne pesant que 70 g. Ce module présente d’excellentes performances techniques, ainsi qu’un rendement garanti très élevé (97 %). Il bénéficie d’une protection contre les court-circuits de sortie et s’alimente à l’aide d’une seule tension comprise entre 30 et 55 V. Il constitue donc un module susceptible d’équiper des enceintes actives, des systèmes de sonorisation professionnels, des amplificateurs pour instruments, ou encore des produits destinés à l’audio mobile. La technologie embarquée repose sur une Classe D à fréquence de découpage fixe (500 kHz). Mais l’originalité du circuit Gemincore consiste en l’association, dans l’étage de sortie, d’un MOSFET à canal N et d’un MOSFET à canal P, et à leur technique de déclenchement à commande unique. Ainsi, les phases de conduction/blocage de ces deux dispositifs complémentaires sont absolument simultanées, ce qui permet de réduire la distorsion de croisement à sa plus simple expression. Il en résulte donc des valeurs de distorsion par harmoniques ultra-faibles jusqu’à environ 140 W, mais qui remontent brutalement au-delà, caractéristique malheureusement commune à tous les circuits utilisant cette classe d’amplification. Le filtre de sortie est du 4ème ordre.

Cette technique franco-française brevetée a d’ailleurs fait l’objet d’une présentation remarquée lors du 27 ème Congrès de l’Audio Engineering Society en 2005, et s’est vu attribuer un "Jimmy Technology Award" l’année suivante par le magazine américain Soundstage.

Dans la version de base, les entrées du 2x250 sont de type asymétrique sur connecteurs RCA Neutrik. Mais l’acquéreur pourra aussi opter pour des entrées symétriques, qui seront alors présentées sur connecteur XLR, d’origine Neutrik également, et suivies d’un transformateur de haute qualité d’origine Jensen. On sait que cette solution de «conversion de format» électrique, qui vient tout droit du monde professionnel, est bien préférable à l’utilisation de circuits basés sur des amplis opérationnels.

L’acheteur aura également la possibilité de faire équiper son appareil d’un ou deux canaux d’amplification supplémentaire(s), afin de constituer un bloc compact capable de s’intégrer dans une installation multi-canal.

Ecoute

Vous doutiez pouvoir frissonner à l’écoute d’un ampli numérique ? Prenez un disque de musique acoustique bien gravé, glissez le dans un bon lecteur détaillé et fin, au sein d’un système de qualité animé par le bloc d’amplification 2x250 de Gemincore. Appuyez sur play. Écoutez … Tout y est : le détail, le corps des instruments, leurs timbres, les petits bruits de jeu, de craquement des sièges et autres petits bruits de salle. Le tout dans le plus grand respect de l’esprit des œuvres, tour à tour très rythmées (sur Bill Evans en public) ou langoureuses (avec Shirley Horn). Sans que l’on puisse déplorer une accélération exagérée des tempi sur les morceaux rythmés, sans que l’on puisse déceler le moindre avachissement avec des programmes plus retenus. S’il n’y a pas de chaleur excessive dans ce beau boîtier gris, on serait en peine d’y déceler la moindre froideur systématique. Le Gemincore 2x250 délivre en fait une forme de pureté et de transparence qui l’amènent à se faire parfaitement oublier, au profit des éléments situés en amont de la chaîne.

Sur le long terme, et pour être tout à fait honnêtes, un soupçon supplémentaire de vie, de fantaisie, ne nous aurait cependant pas déplu notamment à l’écoute de programmes jazz. Mais, du point de vue de la scène sonore, nous sommes en permanences aux toutes premières loges. Prenons l’exemple très éloquent d’un jazz à la fois vocal et orchestral. Sur «Come a Little Closer», la voix de Shirley Horn est parfaitement centrée face à l’auditeur, et pour une fois située à une hauteur très crédible. Elle est de plus articulée, très détaillée malgré son traitement très réverbéré, et aussi un peu chuintante comme l’a voulu l’ingénieur du son (on l’espère, en accord avec l’artiste !). La pulsation de la cymbale est parfaitement localisée, sur la droite de l’image, bien en retrait par rapport au plan des enceintes. De même pour la harpe, située elle sur la gauche. Le piano, placé plus en avant, bénéficie également d’un caractère presque feutré dans son touché, avec de belles sonorités pleines et sans biais chromatique. C’est dire l’impression de relief très réaliste que cette électronique parvient à distiller, et de façon largement indépendante du niveau sonore que l’on en tire. Il y a du détail, de la précision, mais également une certaine forme de douceur dans la restitution, qui s’accompagne de l’impression de grande propreté que l’on rencontre d’une manière générale avec les amplificateurs numériques. Mais cette fois avec ce qu’il faut de corps. Le fait est que cet appareil reste tout de même d’une grande objectivité, avec certes un tout petit côté ascétique. Ascétique mais pas froid. L’écoute à faible niveau révèle elle aussi une quantité impressionnante de petits détails, alors que le fait de monter le niveau n’entraîne pas de stress véritable.

Là où le bloc Gemincore nous a moins séduit, paradoxalement, c’est qu’en dépit des moyens mis en œuvre quant à son alimentation, sa performance absolue dans l’extrême grave ne semble pas exceptionnelle. Et ce, que ce soit avec nos petites Totem Staff ou avec les déjà plus imposantes Linn Majik, certes encore peu rodées au moment de l'écoute. Le registre extrême-grave n’est ici qu’évoqué… Comprenons nous bien : cette électronique n’est pas anémique, et sur la plupart des programmes, on apprécie sans réserve, dans le bas du spectre également, sa tonicité, sa consistance, et de nouveau sa propreté. Mais il nous aurait plu de trouver cet appareil aussi magistral dans l’extrême grave qu’il ne l’est dans les autres registres.

Conclusion

Imaginez une unité de puissance précise et douce, dessinant bien le contour des instruments et des notes, mais aussi leur matière, faisant ressortir des timbres riches, bien différenciés et même souvent surprenants de naturel. Dynamique mais sans aucun aspect criard. Défini mais sans froideur chirurgicale. Pour les presque 2000 € auxquels il est proposé, le Gemincore 2x250 en fait beaucoup, et le fait bien. Comme il est de rigueur avec les amplificateurs numériques, la philosophie de reproduction est résolument orientée vers une scrupuleuse propreté du signal. Mais ici, cette forme d’ascèse ne s’accompagne d’aucune simplification du message - notamment sur le plan tonal, ce qui est souvent le cas avec cette technologie. Seule la performance absolue dans l’extrême grave reste un peu en retrait, au moins dans le cadre de notre écoute. Mais mise à part cette réserve, ce bloc de puissance s’avère bourré de qualités qu’il est encore rare de trouver réunies sur un appareil de cette technologie.

Spécifications constructeur

- Puissance efficace max : 250 Watts sous 4 Ohms
- Courant crête max : 19 A
- Gain : 32 dB
- Bande passante : 0 à 45 kHz à + 0/-1 dB, 0 à 70 kHz à + 0/- 3 dB
- Niveau de bruit : inférieur à 115 dB
- Distorsion à 1 kHz et 1 Watt sous 8 Ohms : inférieure à 0,002 %
- Distorsion à 1 kHz et 138 Watt sous 8 Ohms : inférieure à 0,03 %
- Impédance d’entrée : 56 kOhms
- Impédance de sortie : inférieure à 50 mOhm
- Sensibilité d’entrée : 0,775 V RMS sur entrée RCA, 3 V RMS sur entrée XLR
- Dimensions (L x H x P) : 440 x 110 x 310 mm
- Poids : 16 kg

Configuration d'écoute

Sources : lecteur CD EERA DL2
Préampli : ATOLL PR300
Enceintes : TOTEM Staff et LINN Majik 140
Câblage : ATHOM 


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