jeudi 30 décembre 2010

La Chose, de Jmb acoustique


Non, il ne s’agit pas 
d’une production Marvel Comics !

L’enceinte dont Jmb acoustique annonce la sortie en cette fin d’année 2010 n’a rien à voir avec Benjamin Jacob Grimm, sympathique super-héro à la force herculéenne transformé en tas de brique à la suite d’une sortie dans l’espace qui a mal tourné. Mais on peut dire que ce produit d’exception (édition limitée à 50 paires pour le monde) présente tout de même, passez-moi l’expression, une sacrée gueule ! Il ne s’agit pas tout à fait d’un hasard : la jeune marque française Jmb acoustique fondée il y a environ trois ans par Bertrand Valère est à l’origine d’une petite poignée d’autres modèles à l’apparence et au volume souvent déroutants (la série des modèles Aventure).

La Chose, dite aussi Enceinte Revolution Air est d’une conception extrêmement originale. Qu’elle représente un objet de convoitise au design inédit - et plutôt très réussi à mon goût - est un fait, qui justifie une bonne partie de son prix. Mais voilà, au delà du look et de l’approche marketing sous-jacente, les performances musicales subjectives sont-elles au rendez-vous ?

Avant de répondre à la question, précisons que La Chose est bâtie sur un exo-squelette en altuglass étuvé et usiné avec soin qui ne fait pas moins de 5 cm d’épaisseur. Un gage d’originalité, mais aussi de rigidité mécanique et de transparence (au moins visuellement en tout cas). Un matériau pourtant pas si facile que ça à usiner et qu’il ne faut surtout pas maltraiter car il est cassant comme le marbre.

Sur cette structure repose un système à trois voies. L’aigu est confié à une petite chambre de compression Fostex FT17 H. Le medium à un haut parleur de 30 cm de diamètre et le grave à un double push-pull de haut-parleurs de 46 cm. Ces haut-parleurs sont d’origine allemande (Monacor), ils bénéficient d’un robuste saladier en fonte d’aluminium, d’aimants très puissants et font l’objet de modifications que Bertrand Valère réalise lui-même individuellement sur chaque unité. Inutile de chercher sur cette enceinte un quelconque volume de charge ! Ces haut-parleurs à haut rendement sont tous débafflés.

On retrouve ici pour la section grave, non filtrée, une variation du principe Isobarik développé par Linn Products sur de légendaires modèles, et qui avait été également repris par P.-E. Léon. Le but, linéariser la réponse dans le grave et annuler certaines formes de distorsion en juxtaposant deux haut-parleurs dont les membranes se déplacent «en tandem». Le filtrage extrêmement simplifié du médium et de l’aigu permet néanmoins un réglage fin et indépendant des deux registres, pour une meilleure optimisation du résultat dans le local d’écoute. L’enceinte est prévue pour le bi-câblage.

Finalement, il suffisait d’y penser ! La Chose est un concept, dont les maîtres-mots semblent être ingéniosité et simplicité, que ce soit au niveau des formes ou des éléments utilisés - qui ne sont d’ailleurs pas par eux-mêmes des composants de très haut de gamme.


Ecoute

Olivier Robert nous présente, chez lui, ce nouveau modèle, et précise de suite que ce système peut être complété par un caisson de grave pouvant embarquer un haut-parleur de 30 ou 38 cm, et dont les finitions sont personnalisables. Ce passionné, qui préside aux destinées de RoboliDesign, fait son cheval de bataille de la mise en oeuvre et de l’intégration visuelle de systèmes (audio et vidéo) haut de gamme conçus sur mesure, en marge des circuits de distribution plus traditionnels (auditoriums et magasins plus ou moins spécialisés).

S’agissant d’une référence atypique comme La Chose, et du fait de son caractère d’objet de collection, Bertrand Valère et Olivier Robert se sont tout naturellement mis d’accord : il s’agit d’adapter le produit (et par extension le système complet) de manière optimale aux conditions d’écoute qui règnent chez l’acquéreur. Achetez une des rares paires de La Chose, et vous aurez le plaisir de voir l’un des deux hommes revenir à votre domicile une fois le rodage d’une centaine d’heures effectué, pour une longue session d’optimisation du produit par rapport à son environnement.

Mais revenons à notre objet et à cette affaire de caisson… Cela signifie-t-il que ces enceintes sont incapables de fonctionner telles quelles, en dépit du diamètre important de ses boomers ? Heureusement, la réponse est non ! Le constructeur affirme d’ailleurs que La Chose passe le 16,5 Hz à – 4dB en milieu semi-réverbérant.

Pour nous en assurer, nous avons alternativement mené des écoutes de la paire seule, puis de la paire complétée par la section extrême grave d’une paire de Grande Aventure du même constructeur, ajustée de manière mesurée en niveau, afin de simuler l’appoint qui sera apporté par le caisson dédié (indisponible le jour de notre visite). Nous n’étions donc pas tout à fait dans les conditions réelles d’utilisation, mais pas loin… Qui plus est, le volume très important de la pièce d’écoute (ouverte sur deux niveaux), et le positionnement des enceintes devant une baie vitrée panoramique constituaient des contraintes réelles pour une paire de Choses. Certes, ces enceintes ne sont pas microscopiques, mais ses dimensions restent acceptables (à peine plus d’un mètre de hauteur pour une profondeur de 57 cm).

Dans ces conditions, écoutées seules, dans le cadre d’un système de haut niveau sur lequel nous reviendrons, les Choses se distinguent immédiatement par leur grande finesse de timbre et leur pouvoir d’aération assez exceptionnel. Un de mes disques piège, le fameux «Impending Bloom» de Nancy King et Glenn Moore - avec sa «double contrebasse» en re-recording sur les voies droite et gauche - passe avec un sens du swing manifeste, et beaucoup de rapidité. Même en l’absence d’aide dans l’extrême grave, la contrebasse n’est pas dénaturée. L’attaque des pizzicati est bien sèche et la voix de Nancy King module sans aucune entrave. Évidemment on gagne nettement en ampleur en activant les 46 cm des Grandes Aventures, mais sans pour autant alourdir ou ralentir le message.

Retour à la paire seule, avec d’autres extraits musicaux très divers. Du simple quatuor à cordes pour commencer, également très juste en timbre et très modulé, à la grande symphonie (Schostakovitch) avec masses orchestrales percussives et cuivrées particulièrement réalistes… Mais aussi Michel Portal live à Minneapolis, «Mezzanine» de Massive Attack, qui révèle à la fois la complexité, et, dans certains registres, la relative platitude d’un mixage pop pas spécialement destiné aux audiophiles armés de systèmes colossaux…

Bref, un système d’une grande transparence, sans biais tonal notable, à la fois rapide (dans les attaques) et posé (sur les fins de notes et d’accords). Révèlant beaucoup de détails, les forces mais aussi les faiblesses des prises de son, mais sans aucune espèce d’agressivité, ce qui est aussi à mettre sur le compte des électroniques utilisées (voir précisions ci-dessous).


Quelques précisions sur le système d’écoute

Le système très bien mis en œuvre comprenait, en lecteur CD, la suite MSB Signature Platinum DAC IV et Data CD IV. Une source au dessus de tout soupçon, suivie directement par les minuscules blocs d’amplification monophoniques GoldAmp récemment développés sous l’égide d’Olivier Robert. Un des buts suivis lors de la conception de ces électroniques : Faire en sorte que les GoldAmp puissent être «intégrés» aux enceintes, dans des formules d’amplifications passive ou active, où l’on réduit au maximum la longueur des câbles h.p. Contrepartie de cette discrétion : ces petits modules qui développent une centaine de Watts de puissance utile rejettent leur alimentation dans des coffrets dédiés qu’il faudra bien prévoir de positionner quelque part... Autre objectif suivi : proposer une capacité en courant inconditionnelle assurant en toute circonstance le prolongement et l’enchaînement harmonieux des notes et des accords.

Effectivement, la restitution se caractérise par une forme de majesté, de caractère posé et de grand naturel. Il reste qu’une paire de Goldamp avec alimentations coûte tout de même 32000 € ! Attention, car à ce prix là, si la concurrence n’est pas forcément pléthorique, elle est assurément de très haut niveau. Pour l’instant, les concepteurs restent assez discrets sur les technologies et schémas employés. Nous aimerions bien en savoir plus ! Cela étant, Bertrand Valère assure que sa Chose, dont le rendement est élevé et l’impédance peu torturée (à l’instar des autres modèles de la gamme), fonctionne déjà très bien avec un bon ampli intégré…


Conclusion

Il faut bien sûr, dans l’appréciation du prix de La Chose, tenir compte du fait qu’il s’agit d’un véritable objet «design et collector» dont forme et matériau ont aussi été choisis en fonction de critères esthétiques très spécifiques. Cela se paye. Mais la performance musicale proposée par cette enceinte est avérée, en combinant adroitement grande transparence et précieuse musicalité. Bien sûr, l’approche suivie par le duo Bertrand Valère - Olivier Robert s’adresse avant tout à un public très aisé, pour lequel décoration intérieure et intégration visuelle des produits est une préoccupation majeure. Ce public est souvent à la recherche d’un grand son de qualité dans une formule clé en main, sans pour autant s’intéresser plus que cela à la technique ou au performances pures. Grâce à la collaboration entre Jmb acoustique et RoboliDesign, l’objectif est atteint.


Spécifications constructeur « La Chose »

Bande passante : 20 Hz – 30 kHz à – 3dB
Impédance : 8 Ohms
Rendement : 96 dB/1 W/1 m
Dimensions : 1011 x 400 x 570 mm
Poids : 50 kg


vendredi 10 décembre 2010

Entente cordiale (au sein du quatuor à cordes)


Le Quatuor Diotima 
bientôt à l’Ircam



Les expérimentations musicales les plus audacieuses ont souvent lieu dans le cadre de l’Ircam, grâce à l’incroyable arsenal technologique qui y a été développé. C’est aussi un des lieux privilégiés d’élaboration des œuvres, des prototypes aux versions finales, où les compositeurs en formation ou en résidence trouvent le support humain et technologique adapté à leurs ambitions créatrices.

Philippe Manoury, enseignant à l’université de Californie de San Diego depuis 2004, n’a pas oublié son pays d’origine ni l’institution à laquelle il a tant contribué et grâce à laquelle il a composé un partie non négligeable de son œuvre. Il est donc régulièrement programmé aux concerts de l’Ircam, dont il fréquente toujours les laboratoires.

Son très attendu Tensio, pour quatuor à cordes et électronique, y sera donné en création mondiale par le Quatuor Diotima, le 17 décembre prochain. 

On pourra aussi y écouter respectivement les 6e et 3e quatuors de James Dillon et de Jonathan Harvey.

Adjoindre ou unir l’électronique et les instruments traditionnels conduit à relever plusieurs défis, comme Manoury le soulignait lui-même dans son essai intitulé «Considérations (toujours actuelles) sur l’état de la musique en temps réel» (2007). 

Pendant les années 80, Philippe Manoury mena «avec la collaboration du mathématicien Miller Puckette, une série de recherches dont le premier résultat allait être Jupiter, pour flûte et électronique. Cette œuvre, composée en 1987, était la première à utiliser un logiciel suiveur de partition et développait de nombreux principes d’interactivité entre la flûte et les sons de synthèse.».

Par la suite, le compositeur continua d’oeuvrer dans cette voie du «développement de structures musicales électroniques élaborées, dépassant le simple procédé de la transformation passive des instruments, et pouvant être soumises au temps flexible de l’interprète». Car l’une des grandes difficulté de l’exercice est bien la fusion du temps - subjectif - du geste musical de l’interprète humain et celui - très déterministe - de la machine. Manoury l’avouait alors bien volontiers : «Ainsi, ce que l’on a parfois appelé temps réel s’avérait souvent n’être que des séquences musicales pré-composées… que l’on pouvait, certes, démarrer au moment propice, mais dont le contrôle dans le temps nous échappait ».

Depuis lors, les techniques ont encore évolué, notamment dans le domaine des capteurs de mouvement de la gestuelle musicale, et ont permis à de nombreux compositeurs de développer, de raffiner le concept d’interactivité entre les instruments traditionnels et l’électronique. On pourrait citer comme exemple, pour rester dans le domaine du quatuor à cordes, la pièce StreicherKreis de Florence Baschet, dont nous avions rendu compte dans ces colonnes.

Un autre possible hiatus entre acoustique et électronique tient à la nature même du phénomène sonore. Identifiable et porteur d’une incontournable signature historique lorsqu’il s’agit de l’instrument traditionnel de l’orchestre, irréel et d’un grain forcément plus «artificiel» lorsqu’il s’agit de sons produits par un dispositif électronique.

Avec Tensio, Philippe Manoury risque donc de nous entraîner plus loin sur le terrain des interactions contrôlées entre les protagonistes du quatuor, en superposant texte réel et partition virtuelle. Ceci afin de réduire la «grande résistance à la réunion des musiques acoustiques et électroniques dans un temps musical commun». Cette frontière semblait encore trop souvent opaque à Philippe Manoury lorsqu’il écrivit son essai. Le concert du 17 nous permettra de constater si le compositeur est parvenu à la dissolution complète de cette limite.

Le concert sera précédé, à 19 h au Studio 5 de l’Ircam, de la projection du documentaire «Image d’une œuvre n°10» consacré au quatuor à cordes de Philippe Manoury.


Entente cordiale
Concert du 17 décembre 2010 - Ircam - Espace de Projection

Crédit photographique (P. Manoury) : Philippe Gontier

samedi 20 novembre 2010

Musiques coréennes à l’honneur

Crédit photographique : Lee Jin-hwan

Ouverture sur un répertoire rare


La Maison des Cultures du Monde programme, les 25 et 26 novembre prochains à 20 h 30, des artistes majeurs de la musique classique et cour coréennes. Il s’agit de notamment de Park Hyen-sook (cithare) et de Chung Jae-kook (hautbois piri). On y entendra de savantes pièces dépouillées aux sonorités inouïes tout autant que des extraits plus toniques inspirés d’airs populaires de cet extrême-orient musical finalement très peu programmé dans nos capitales européennes.

Deux dates à ne pas manquer pour les amateurs de curiosités et de raffinement musical.

Plus d’information sur le site de la Maison des Cultures du Monde
101 Boulevard Raspail, 
75006 PARIS
tel : 01 45 44 72 30



mardi 16 novembre 2010

Séance de prise de son AFDERS

Amateurs éclairés ou professionnels aguerris ?


Signal sur bruit a pu assister, ce dernier samedi 13 novembre, à une séance de prise de son organisée par l’AFDERS, Association Française pour le Développement de l’Enregistrement et de la Reproduction Sonores. Sous cette très sérieuse bannière se réunissent en fait des amateurs et des professionnels du son, pour le pur plaisir de l’échange, de la découverte de matériels audio, à l’occasion de conférences thématiques ou de la présentation de travaux personnels. 

Ou encore, comme c’était le cas ici dans les locaux du Conservatoire Hector Berlioz du Xe arrondissement de Paris, pour enregistrer des musiciens en chair et en os ! En l'occurence, le trio composé de la harpiste Isabelle Marie, de la soprano Jocelyne Lucas et du hautboïste Laurent Hacquard, venus pour interpréter des morceaux choisis de Donizetti, Offenbach, Rossini et Puccini.



L’ouverture des sacs à dos et mallettes de chacun des membres révèle de nombreux trésors. Jacques, l'oganisateur de la session (ici de dos) a par exemple  choisi un équipement très compact composé de l’enregistreur Tascam DR 680 et d’une paire de micros lettons JZ, marque qui se distingue par la qualité de fabrication des ses modèles et par l’interchangeabilité très facile des capsules par simple aimantation sur le corps des micros.


Mais on trouve également trois belles machines Suisses dans la panoplie de ces passionnés : le Nagra LB de Jean-Christophe, le Nagra V de Jérôme et le plus récent Nagra VI de Jean-Marie, président de l’association. Pour sa part, Claude a opté pour le Zaxcom Deva V, le concurrent américain.




L’installation des micros prend évidement pas mal de temps, puisque chacun est venu avec son support et ses propres modèles. C’est ainsi que les Beyer côtoient les Neuman (des modèles cardioïdes KM84, malheureusement plus fabriqués), que Claude installe sur une platine de sa fabrication dévolue à la prise de son sur cinq canaux (à gauche). Sans oublier la configuration MS déployée par Jérôme, et qui résulte de l’association de deux magnifiques micros «universels» Sennheiser MKH 800, à très large bande (image de droite).


Mais ici, la rivalité n’est pas de mise, et finalement, chacun trouve sa place, quitte à ce que les musiciens se retrouvent devant une véritable forêt de microphones ! Après plusieurs essais de prises, quelques mises au point «scéniques» s’imposent, afin de respecter un équilibre acoustique entre pupitres : on devra quelque peu éloigner Laurent et son bien nommé hautbois (éthymologiquement, instrument qui sonne "haut" c'est à dire fort), et réaligner la harpe d'Isabelle dans l'axe des micros afin que l'on en capte davantage d'attaque et de présence. Ces quelques ajustements effectués, l’enregistrement peut commencer, et servira de disque de promotion pour les musiciens.


Une session d’écoute comparative aura lieu un peu plus tard au cours de la saison 2010 - 2011 de l’AFDERS. Vu les moyens déployés, et les expériences combinées des intervenants, il n’en sortira forcément que du très bon. Entre temps, quelques autres sessions d’enregistrement auront été organisées…

Programme à consulter sur le site de l’association.













lundi 1 novembre 2010

Le Top 100 du Jazz





Le musicologue Frédéric Platzer vient de publier un intéressant ouvrage aux éditions Ellipses. «Le Top 100 du jazz» ne constitue pas une sélection des 100 meilleurs albums du genre, mais, de manière beaucoup plus pointue, une présentation détaillée des 100 standards les plus marquants selon l’auteur. Car l’histoire du jazz, qui se partage entre tradition orale et écrite, et qui fait la part belle à l’improvisation, est aussi pavée de nombreux morceaux historiques et puissamment codifiés, que les formations aiment à réinterpréter. Ces fameux standards issus de la tradition populaire, de comédies musicales, parfois extraits du répertoire de variété ou encore composés par les jazzmen eux-mêmes, et qui ont au fil du temps acquis le statut d’hymnes.

L’auteur se livre donc ici à un décryptage fin de ces morceaux, présenté sous forme d’une double page pour chaque standard qu’il a jugé opportun d’inclure dans sa sélection. L’approche est bien documentée, et s’attache à dégager quand et comment ces morceaux choisis sont devenus des standards. Elle résume sous la forme de petits paragraphes le contexte historique de chaque enregistrement, le rappel de la formation musicale impliquée, la structure et le plan des thèmes musicaux du morceau (extrait de partition à la clé), des informations et anecdotes liées à l’album dont il est extrait.

Cette sélection, forcément subjective, fait la part belle à de nombreux titres écrits ou repris autour des années 60, mais cite également des versions de millésimes bien antérieurs (l’incontournable «In the mood» de Glenn Miller (1939), dont le thème remonte à 1929), et des titres beaucoup plus récents tels que le «Little Piece in C for U», composition de Michel Petrucciani (dans sa version solo de 1998) ou le «Yesterdays» enregistré par le trio Jarrett/Peacock/De Johnette en 2001, près de soixante dix ans après sa création.

Il s’agit donc d’un véritable guide d’écoute et de (re)découverte de ces morceaux, dont certaines versions originales remontent au tout début du siècle dernier, utile à celles et ceux qui souhaiteront comprendre leur histoire. On pourra juste adresser à cet ouvrage le petit reproche de ne pas inclure d’illustration (pochettes d’album ou photos de musiciens) et de présenter une table des matières uniquement classée par ordre alphabétique de titre des standards. Des entrées complémentaires par noms d’artistes, titres d’albums et dates (des versions originales ou des reprises) n’auraient peut être pas été inutiles.

A noter que F. Platzer est également l’auteur, entre autres ouvrages, du «Top 100 du Classique», aux mêmes vertus didactiques et construit selon le même esprit.







mardi 19 octobre 2010

Salon Haute Fidélité - 16 et 17 octobre 2010


Nouvelle fête de l’audio le week-end dernier, organisée cette fois par le magazine Haute Fidélité. Les visiteurs pouvaient y parcourir une trentaine de stands, présentant pour la plupart des configurations d’exception. Les comparaisons avec l’automobile étant courantes dans le monde de la haute fidélité, reconnaissons que si certains systèmes affichent des caractéristiques de franchissement dignes des meilleurs 4x4, quelques uns possèdent de accélérations de dragsters, d’autres encore présentent le confort cossu de grosses berlines allemandes. A défaut d’être accessibles à toutes les bourses, il y avait donc des systèmes pour tous les goûts !

Voici, pour cette année, la sélection Signal sur bruit dans ce long circuit avec nombreuses courbes et lignes droites.

Pour commencer, chez Avance Audio, écoute d’une configuration certes imposante mais surtout très musicale. Au menu, une belle suite d’électroniques Van Medevoort haut de gamme (transport CT460, convertisseur universel DA 466, préampli CA460 et ampli PA460) alimentant les enceintes Duevel Bella Luna. Comme à l’habitude avec Duevel, la musique envahissait la pièce sans sembler parvenir de deux sources localisables et ce quelle que soit la position d’écoute, ce qui n’est pas si commun.



Aphrodite's Melody proposait une très belle écoute de la platine Kuzma XL2 équipée du bras 4P suivie des électroniques Nagra (préampli phono VPS, préampli ligne PLL, blocs de puissance MSA) et des enceintes Verity Audio Amadis


Restitution large bande précise mais fluide, avec une pointe de brillance sans doute à mettre sur le compte des enceintes, très transparentes. Le grain instrumental et vocal était bien là, avec une rare présence, que ce soit sur le disque Chamber Music de Vincent Ségal et Ballaké Sissoko, ou avec un vieux Chet Baker.




Sur le stand ZED, le lecteur EMMLabs CDSA et les électroniques Pass Labs (préampli XP10 et bloc X 260.5) attaquaient plusieurs modèles d’enceintes Pascal Louvet, dont les Neilos, avec beaucoup de soyeux et de profondeur dans la restitution. Une certaine forme de majesté et de franchise. En statique, les électroniques CERA conçues par Robert Rapp des Artisans du Son.



Chez Seven, écoute d’un système d'entrée de gamme composé du lecteur CD et de l’ampli intégré Neodio Essentiel 1 et 2, alimentant les micro monitors Venture Audio La Vie complétés par un petit caisson de grave. Un résultat qui transcendait largement l'encombrement ridicule qu'il représente ! Beaucoup de propreté et de présence, avec une image très fouillée due à la compacité du système de transducteur (un unique et minuscule haut parleur large bande par enceinte).


Fusion réussie… chez Fusion Acoustic, tant sur le plan visuel qu’auditif, entre le superbe lecteur CD Gryphon Mikado Signature, le préampli Mirage et le bloc de puissance stéréo oblong Colosseum, qui trônait fièrement entre deux magnifiques enceintes Rockport Technologies Mira 2


Les Rockport, réputées difficiles à driver, trouvaient ici un partenaire électronique à la hauteur de leurs ambitions, capable de les faire sortir de leurs gonds.





Dans le très grand stand de Sound Arts Network, entre autres produits présentés, démonstration d’un système à base d’électroniques Wavac (amplis et préampli), Zanden (lecteur et convertisseur) et enceintes allemandes à pavillon A Capella. Un système de transducteurs à haut rendement qui était un peu le scoop du salon. Hautement voluptueux et esthétique particulièrement  originale.


Accentuel Audio mettait cette année l’accent sur les produits germaniques, avec un très beau système Brinkman alimentant les nouvelles enceintes Isophon Berlina RC7 à tweeter céramique. Ces magnifiques colonnes étaient précédées de la platine Oasis à entrainement direct, du préampli phono Fein, du préampli ligne Marconi et des blocs Mono, délicatement posés sur un meuble HRS SXR. Une des présentations les plus musicales du salon. On ne se précipitait pas sur la sortie de secours, pourtant bien repérable à son logo vert ! Les électroniques Hegel étaient également présentes en renfort.


Double stand chez Jefferson, rempli de produits de très haut de gamme. Les classiques et incontournables Goldmund, mais aussi les électroniques Chapter, et les enceintes allemandes Ascendo, françaises Tanagra et danoises Raidho. Ce sont ces dernières, les colonnes Raidho C3 (à gauche sur l’image) qui ont été le plus longuement écoutées. Alimentées en Goldmund, ces enceintes distillent un message d’une exquise douceur n’excluant pas la présence ni la notion d’impact. Il s’agit ici d’un confort auditif feutré et délicat dont on ne parvient que difficilement à s’extraire. 



Salon Haute Fidélité - 16 et 17 octobre 2010 (suite)

Chez Joenit, dans un petit salon, démonstration de solutions compactes et hautement musicales. Au centre, une unique électronique de marque beChocolate, fondée par l’importateur lui-même (ces belges, alors !) : l’ampli intégré/lecteur CD-SACD/tuner aux multiples entrées baptisé Puroh

Sur les côtés, les fines enceintes Totem Hawk, reliées par le câble Tress du même constructeur. Il suffisait de fermer les yeux pour obtenir l’illusion d’un grand son de qualité et d’une musicalité irréprochable. Ou comment se faire plaisir pour un budget raisonnable lorsque l’on ne dispose que d’une pièce d’écoute aux dimensions limitées.




Audionec, la marque française de très haut de gamme qui commence à faire parler d’elle, démontrait une enceinte révolutionnaire Answer utilisant deux diaphragmes plans dans le grave (montés en push-pull), un médium en papier de conception inédite à double rouleau, et un tweeter à ruban. Un système presque compact (!) puisque ces enceintes sont actives et étaient donc seulement alimentées par le lecteur/serveur SDV3. Évidemment pas des éléments abordables ni tout à fait discrets mais... Une forme d'absolu en terme de définition, qui s’exprimait notamment avec certains extraits musicaux jouant la carte percussive. Pour les amateurs de son direct et de fort pouvoir d'analyse. Médium ultra dégraissé mais performance dans le grave un peu en retrait, justifiée par la mise en oeuvre spécifique due à la pièce d’écoute (afin d’éviter les résonances de faux plafond). En tout cas, un système très objectif, mais dont l’esthétique et le prix peuvent aussi ne pas convenir à tout le monde…




Les importateurs Acoustic Precision/Audio Focus/Audio Prestige avaient rassemblé quelques super-héros à la Marvel Comics : le nouveau combo Drive+DAC MSB Diamond, un préampli Lamm L2 Reference et ses blocs mono M 1.2 Reference, et enfin des enceintes JBL Everest DD 6600 à large empattement. Très gros système pour vaste pièce et grand budget. Capable des déferlements dynamiques les plus extrêmes. Mais une approche vraiment musicale à bas régime, et où les JBL s'épanouissaient comme rarement. Extrême grave roboratif mais bien tenu. Système musclé ne laissant pas l'auditeur sur sa faim.


Privatech importe les enceintes danoises Dali et les électroniques américaines Cary à tubes. Une très belle synergie musicale totalement exempte d'agressivité avec le petit système composé du lecteur Cary Concept, de l’intégré CAD 300 SEI et des Dali Ikon 6 Mk2. Puis passage à l’écoute des grandes Dali Euphonia MS5 avec une majestueuse suite Cary comprenant notamment l’amplificateur CAD200. Evidemment une autre ampleur, mais toujours cette fluidité avantageuse et ce sens imparable de la musicalité.


Chez Technodis 2000, les enceintes espagnoles ADN Acoustic se dévoilaient entièrement. 

Mais à l’écoute, on retrouvait plus souvent les nouvelles créations acoustiques de la marque française Art et Technologie (ex-Artec) : le modèle SE-y3 laqué blanc, alimenté par une électronique du même fabricant : l’ampli intégré SE 50-i. Au sommet de cette association, le nouveau transport CD Métronome Technologie T3A. Le tout reposait sur un support Artesana Audio, espagnol lui aussi, d’une rare sophistication. Restitution très pleine et suivi mélodique de premier plan. Un stand où l'écoute de musique était un réel plaisir avant d'être une démo. Les «petites» enceintes Art et Technologie et le gros intégré sont des éléments bien complémentaires, bourrés de punch. 



Dans la même pièce, le très gros système avec les prototypes d’enceintes SE-y7 et leurs énormes blocs mono Absolute se révélait également très prometteur, d'une redoutable transparence notamment dans le registre médium. Mais attention aux enregistrements déséquilibrés ! Ce système les confondra immédiatement.




Et l’on retrouvait également deux fournisseurs en carburants à haut indice d’octane sur ce salon : les distributeurs Jazzy Bird et Elite Diffusion dont les bacs et étagères regorgeaient de gravures d’exception et d’accessoires d’optimisation de systèmes...

Merci pour votre attention, et à l’année prochaine !

lundi 11 octobre 2010

Salon HiFi Home Cinema -1


Dès l’aube, les hôtesses de la SPAT 
étaient prêtes à accueillir les nombreux visiteurs


Allez ! Charité bien ordonnée… Cette année, votre magazine Signal sur bruit disposait d’un stand sur le salon. L’occasion de rencontrer des internautes déjà acquis à la cause, d’échanger des impressions à brûle pourpoint entre passionnés, et de tenter de séduire de nouveaux lecteurs. Stand dont il me fallût tout même m’absenter de temps à autres pour parcourir l’exposition et en restituer l’esprit, à défaut évidemment de pouvoir approfondir la visite de chaque stand ! Voici donc, en toute subjectivité, mon compte rendu de visite...

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Tout d’abord, sans doute une première dans un salon consacré à la haute fidélité : la présence de l’association Audition solidarité.org, reconnue d’intérêt général, et qui enseigne aux élèves d’écoles de musique et de conservatoire à se méfier des dangers du son lorsque l’on y est exposé trop longtemps à trop fort volume. 


Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas que les amateurs pratiquant le hard rock qui y sont exposés. Les violonistes aussi ! Cette association a été fondée par des audioprothésistes et des musiciens bien sensibilisés, pour ne pas dire effarés, par les dommages auditifs graves que connaissent de plus en plus de jeunes. Pour endiguer ce phénomène alarmant, la solution s’imposait : aller à la source et multiplier les actions de prévention.


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Mais revenons un peu à l’objet central du salon. Par exemple avec la présentation en statique de plusieurs modèles de platines tourne-disques réalisées artisanalement par Pierre Riffaud, qui conçoit ce maillon de la chaîne Hi Fi comme un élément à réaliser sur mesure en fonction des goûts des clients. Récemment développés, plusieurs modèles de bras unipivot pouvant être finement adaptés à des cellules existantes. 


Côté platine proprement dite, le modèle phare de la gamme, baptisé Héritage, succède à l’Epure déjà connue des amateurs. Et le constructeur peut également modifier et remettre en état des platines Garrard afin de leur donner une seconde jeunesse.

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Chez LG, démonstrations de configurations home cinéma de la marque avec projection en 3D et en 2D. On notait notamment le quasi prototype d’écran à la technologie nano de 8,8 mm d’épaisseur (référence HB 994 PK) à la fluidité d’image assez bluffante, au sein d’un système tout LG très looké.



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Chez DEA, très grand stand statique comme à l’habitude, mais avec deux systèmes à écouter en alternance. Un petit ensemble qui remplissait déjà très correctement une partie de l’immense salle, composé des enceintes sphériques Elipson Planet L, du lecteur en éléments séparés Perreaux SXCD et de l’ampli intégré stéréo SX 25i. De tous petits gabarits très alertes et musicaux ! 


Le gros système était pour sa part composé du lecteur Perreaux CD1, du préampli SM6 MkII et des blocs de puissance monophoniques 750 du constructeur néo-zélandais, drivant les grandes Elipson 4260 inspirées des légendaires modèles 4050 de la Radio Télévision Française.


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Jouant la carte de l’intégration domestique et de la domotique, B&W France présentait une salle de cinéma domestique faisant appel aux enceintes presque plates de la série CT 800, complétées par des caissons de grave SA 1000 spécialement amplifiés par des unités développées par B&W. Outre le préampli processeur Classé CT SSP et les blocs d’amplification CT 2300, et complétée pour la partie vidéo par deux projecteurs SIM 2 (pour des projections en relief), cette installation hors norme mettait en vedette le nouveau serveur Kaleidoscape

Cette puissante machine est un serveur audio vidéo aux possibilités quasiment illimitées, permettant de stocker des centaines de CD, DVD et même Blu-ray discs tout en présentant une exceptionnelle ergonomie. Et la projection de programmes d’origine DVD montrait déjà bien à quel point, comme en audio pure, le fait de pouvoir s’abstraire des problèmes mécaniques de lecture améliore la restitution de l’image. Ne parlons même pas des extraits Blu-ray en 3D !

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Chez Hamy Sound, les électroniques Stello de la série 500 aux lignes arrondies (lecteur CDA 500 et ampli intégré avec convertisseur Ai 500) faisaient bon ménage avec les enceintes JBL 1400 Array au design surprenant. Un ensemble capable de beaucoup de finesse et de vivacité.

L’association à haut niveau était elle composée d’une batterie d’électroniques Accuphase dont le lecteur CD DP 510 et l’intégré en classe A E560, affectés à l’ascension des JBL K2 S9900. Une belle restitution, mais peut être un peu tempérée tout de même vu le gabarit des enceintes.





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Chez GP Acoustic France, distributeur de KEF, on regrettait de ne pouvoir écouter les monstrueux nouveaux modèles Muon tout alu, pourtant fièrement exposés à l’entrée du stand. 

















Mais on se consolait à l’écoute d’un premier système de la série Q - capable de force et de douceur - composé des colonnes frontales Q 700, de la centrale Q 600c, des voies arrières Q 300 et du caisson Q 400b, alimentées par un intégré multi canal Arcam, une source Blu-ray et un écran Pioneer. Et juste en face de ce système, quelques représentants de l’étonnante série T ultra plate embarquant des haut-parleurs à diaphragmes… plats, tout simplement.


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Le croirez-vous, dans l’immense pièce réservée par Audio Marketing Services, les énormes enceintes Vienna Acoustic Klimt «The Music» étaient alimentées par deux nouveaux et minuscules blocs mono Cyrus X, développés spécifiquement par Mission, qui est aussi l’importateur de la marque d’enceintes autrichiennes en Angleterre. Ces discrètes boîtes délivrent quand même une puissance de 300W. 




En sources, le système l’ensemble Soolos Control Ten bien nourri en enregistrements sous de multiples formats, et le lecteur Gamut CD 3 - utilisé en transport seul - attaquant l’étage de conversion du préampli processeur Meridian 861 G6. Un son énorme, spécialement façonné par le célèbre Martial Hernandez ! 


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Chez France Marketing, les enceintes allemandes Quadral Montan Aurum se faisaient douces mais majestueuses, épaulées par un intégré Mac Intosh et un lecteur Sherwood CD 772. Véritablement une très belle écoute, grâce à ces enceintes embarquant des solutions technologiques innovantes (boomer placé de biais dans l’ébénisterie, beau tweeter à ruban). 


Des enceintes qui n’avaient rien d’ostensiblement teuton, au sein d’un système qui affichait une touche de rondeur dans le grave et une petite pointe d’acidité dans le medium aigu, un peu typique de l’électronique au nom écossais.

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Yamaha s’offrait un très beau double stand où était présenté une myriade d’appareils dont notamment le nouveau serveur NPS 2000 sur un plateau tournant. En avance de phase par rapport au prochain salon de la Musique, Yamaha donnait à voir et à écouter les nouvelles guitares de la marque. 

Dans cette salle également dédiée à l’écoute HiFi, on pouvait entendre, entre autres configurations, un système composé du lecteur CDS 2000, de l’ampli de puissance AS 2000 et des enceintes Suavo 1 (ici à droite). 


Mais alors, si même les grands constructeurs japonais se mettent à faire de la haute fidélité de haute qualité, que va-t-il rester aux marques audiophiles ? Car ces éléments plutôt abordables présentent effectivement beaucoup de qualités, et justifient les éloges régulières qu’ils reçoivent de la presse.




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