vendredi 23 juillet 2010

Arènes du Jazz - 2

Rencontres au sommet

La programmation des Arènes du Jazz s’est poursuivie mercredi soir avec le désormais rare Martial Solal et jeudi avec le Trio Distances de la chanteuse Norma Winstone. Deux moments de grâce, deux rencontres majeures au sommet de la capitale.

Martial Solal est un infatigable virtuose qui se saisit des plus grands standards et les transcende, armé de son seul piano et d’une bonne dose d’humour. Résultat : 1 h 45 de pur bonheur musical, d’improvisation riche mais magistralement contrôlée, à peine rafraîchies par une bonne averse, dont le public put tout de même se protéger grâce aux petits vêtements de pluie gracieusement distribués par les organisateurs.



Outre les risques liés à l’humidité, les photographes n’étaient pas vraiment à la fête ce soir là, car un récital de piano solo laisse peu de possibilité pour une manoeuvre même discrète des déclencheurs ! D’autant que la sonorisation était de grande qualité, et d’un niveau sonore parfaitement contenu assurant une diffusion très naturelle du piano. L’équipe technique des Arènes avait «simplement» positionné un couple de micros Neumann KM 184 juste au dessus du sommier, et après amplification le signal était juste relayé par les deux petits «châteaux» placés de part et d’autre de la scène.


Ci dessous, quelques accords assurés et notes cristallines produits par le maître…







Jeudi soir, la chanteuse anglaise Norma Winstone, le pianiste italien Glauco Venier et le clarinettiste/saxophoniste allemand Klaus Gesing prenaient place au centre de l’arène. 

Si elle n’est pas la chanteuse de jazz la plus médiatique de la planète, Norma Winstone est connue (et reconnue) pour ses collaborations audacieuses et historiques avec John Surman, Kenny Wheeler et John Taylor, au sein notamment de la formation Azimuth. Son nom est également associé à ceux de Ralph Towner, Egberto Gismonti et Steve Swallow, dont elle a mis certains titres en paroles. Depuis une dizaine d’années, elle a rejoint le duo formé par Glauco Venier et Klaus Gesing. Le trio Distances est une formation originale et parfaitement équilibrée où chaque membre apporte une égale dose d’inventivité et de goût subtil pour les recherches sonores. 


Cet ensemble fait désormais partie de l’écurie ECM et est l’auteur de plusieurs enregistrements : «Chamber Music», «Distances» et le tout prochain «Stories to tell yet», qui sortira en septembre 2010. ECM, ce n’est pas tout à fait un hasard ! Les compositions jouées hier soir à Montmartre font en effet la part belle à de riches développements mélodiques, très aériens, souvent inspirés par des morceaux de folklore (arménien, italien), très étirés, au sein desquels Norma Winstone insère volontiers des citations plus conventionnelles extraites de standards ou de chansons à succès. 

Glauco Venier est un pianiste étonnant et totalement à l’aise, qui a visiblement intégré la pratique «jarrettienne» (entre autres) et n’hésite pas à mettre les mains dans le piano lorsque qu’il faut en sortir quelques motifs un peu bruitistes. 

Klaus Gesing est aussi un orfèvre. 
Très appliqué durant la répétition, excessivement attentif à la position de ses micros et au bon équilibre sonore de ses instruments, son inspiration et sa technique en font l’égal des plus grands, et notamment d’un certain Michel P. que nous retrouverons en clôture de cette programmation estivale.











Deux soirées magnifiques donc, merveilleusement mises en lumière, dans un festival qui promet encore de belles surprises !