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lundi 8 décembre 2008

Système Linn Klimax


Une écoute qui ne laisse pas 
l'auditeur sur sa faim !


Composition du système

° Sources : serveurs Linn Klimax DS (15 000 €) et Linn Akurate DS (5 200 €), lecteur Akurate CD (6 290 €)
° Préampli : Klimax Kontrol (10 700 €)
° Amplis : blocs Klimax Solo (20 700 €)
° Enceintes : Klimax 350 (25 100 € en version passive, 38 900 € en version active intégrée )
° Câblage modulation et haut-parleurs : Linn



Présentation des acteurs

Les démonstrations effectuées par le magasin Audio Synthèse les 5 et 6 décembre derniers constituaient tout d’abord l’occasion de présenter les nouvelles enceintes Linn Klimax 350, en version semi-passive (voir explication ci-dessous). Ces massives ébénisteries galbées et biseautées ne sont pas à proprement parler discrètes, mais elles sont plutôt élégantes, surtout dans leur version laquée noire (surcoût à prévoir de l’ordre de 3000 € pour une paire) installée dans l’auditorium du rez-de-chaussée du revendeur parisien.

Ces très beaux modèles embarquent donc le fameux «pod» développé par Linn il y a plusieurs années sur le modèle Komri, ici dans sa version «3K». Cette pièce d’aluminium abrite effectivement trois haut parleurs, dévolus respectivement au haut-médium, à l’aigu et à l’extrême aigu. En l’occurrence, il s’agit du même pod et des mêmes transducteurs que ceux équipant par exemple les modèles 242 du constructeur écossais.

Mais la Klimax 350 se complète d’une unité bas-médium spécifique de 17 cm et de deux haut-parleurs graves de 20 cm, ces derniers étant actifs (c'est-à-dire munis de leurs propres filtres et amplificateurs, contenus dans l’enceinte) et asservis (pour un meilleur contrôle de l’excursion des membranes).

Comme souvent chez Linn, ces enceintes présentent autant de paires de borniers qu’elles comportent de voies «passives», et pourront donc évoluer par l’adjonction d’autant d’unités d’amplification (soit quatre au maximum, en plus des deux voies grave amplifiées par construction).

Le châssis métallique amovible arrière qui les équipe pourra en effet accueillir des modules d’amplification actifs dérivés de la série Chakra (200 Watts par canal), pour en faire un modèle «intégré» totalement autonome du point de vue de la puissance. Dans cette configuration, une entrée symétrique XLR niveau ligne équipe ce modèle. Dans la version active, il suffira d’y raccorder la sortie d’un préamplificateur.

Justement, le nouveau préampli Klimax Kontrol est là, mais est en l’occurrence accompagné de deux amplis Solo juste tièdes, qui attaquent chacun les voies médium à extrême-aigu d'une enceinte, via un câblage quadruple. Finalement, le contraste est saisissant entre la discrétion absolue et racée de ces électroniques et l'opulence bourgeoise des enceintes Klimax 350 !







Et c'est Jean-Yves Bassaler lui-même, importateur de Linn en France depuis de nombreuses années, qui s'était placé aux commandes du système, grace à un i-phone (malheureusement pas fourni par Linn !) et à l’utilitaire Linn Gui chargé sur un PC portable.  Le Linn Gui assurait ici l'accès aux bases de données musicales, pilotait les serveurs Klimax DS (voir notre article) et Akurate DS (à gauche sur la photo), et permettait le réglage de volume et de sélection des sources du préampli Kontrol. Un utilitaire destiné à évoluer en offrant notamment la visualisation des pochettes des CD copiés dans le disque dur associé.


Écoute

Le serveur Klimax DS placé en tête de cortège, nous commençons l’écoute par un morceau de Patricia Barber – où la contrebasse affiche immédiatement une tenue extrêmement ferme, sans excitation des résonnances de la pièce. Mais une des premières choses qui frappent, c’est la restitution de la scène sonore et de l’ambiance du lieu d’enregistrement, qui sont hyper-lisibles et totalement décorrélées de la position des enceintes. On sent bien dès ce premier extrait que l’on se trouve en face d’un très grand système. Nous constaterons d'ailleurs de manière répétée avec les autres enregistrements écoutés que la scène stéréophonique dépasse facilement le cadre de la pièce, en largeur comme en profondeur, mais uniquement lorsqu’il le faut.

Sur cette première écoute, toutes les lignes instrumentales sont également présentées avec une lisibilité maximale. La voix est à la fois très présente et bien dessinée, et met en exergue de nombreux bruissements de bouche ultra-réalistes. Mais sans effet artificiel de proximité exacerbée. Et en tous cas, nous n’avons aucun problème de compréhension des paroles !

La trompette de Paolo Fresu succède au chant de Patricia Barber. Éclatante de réalisme, énergique et rutilante comme si le musicien était dans la pièce ! Tandis que la progression dans la reprise de Charles Trenet «Que reste t-il de nos amours» déroule un très beau tapis tissé de piano, de contrebasse et de glissements délicats des balais du batteur sur les peaux et les cymbales. Et toujours, cette impression de liberté totale de la scène sonore, très stable et ample, mais ne faisant jamais ressortir ses deux points d’ancrage dans la pièce. Un court extrait du disque Bach Coltrane de Raphaël Imbert (que nous aimons beaucoup, voir notre critique) manifeste également une profondeur impressionnante et un suivi mélodique sans faille. Ce sont les qualités de fluidité extrême du système qui sont ici éprouvées, exclusivement pour le meilleur !

Et c’est l’heure d’une petite comparaison de standards que permet facilement le Klimax DS…

Claire Martin en mp3 au débit de 320 kbit/s est déjà étonnamment convaincante, surtout lorsque l’on considère la transparence – pour ne pas dire l’intransigeance - des éléments situés en aval de la source. Le passage au format CD (16 bits/ 44,1 kHz) apporte évidemment un net surcroît de naturel et de matière instrumentale. Cette progression qualitative se poursuit avec le passage au débit Master Audio (24 bits / 96 kHz), tout en étant moins marquée que lors de la première transition. Disons que les différences sont à la fois plus subtiles… et finalement plus essentielles ! Car ce sont bien la clarté de la voix et l'expressivité de la chanteuse qui sont ici portées à leur… «climax».

Même effet sur Sarah K où l'écoute en mp3 est déjà très précise. Le passage au standard CD accroît la propreté du message‚ tout en rendant une forte impression de présence, néanmoins exempte de toute dureté ou insistance. Une première oreille pourrait à tort laisser craindre une exagération de l’effet de présence. Après quelques dizaines de secondes d'écoute, on comprend qu’il n'en n’est rien. Il n’y a ici aucune exagération systématique. Mais nous avons probablement peu l'habitude d'entendre autant de choses à partir d’un simple CD. Nous sommes ici en présence d'un système d'une transparence réellement exceptionnelle !

Nous profitons maintenant de cette collection riche en sources pour effectuer une comparaison d’appareils. A la demande générale, c’est l’inusable «So What» de Miles Davis qui sert d’étalon ! Avec l’Akurate CD, la restitution affiche de la bonne humeur et une indéniable richesse tonale : le rythme du morceau est entraînant, les timbres sont justes et la largeur de bande déjà tout à fait surprenante.

Avec l’entrée en scène de l’Akurate DS, la contrebasse de Paul Chambers paraît bien plus modulée, on perçoit beaucoup plus d’informations de salle‚ la musicalité est un cran supérieure. Le piano de Bill Evans à gauche de la scène est mieux détouré et nous parvient accompagné de l'acoustique du studio. Le saxophone de John Coltrane est également plus plein et plus présent.

Enfin, avec le Klimax DS, le souffle de l’enregistrement apparaît immédiatement en net recul, la contrebasse très alerte chante de manière incroyable, et tout le morceau semble interprété avec une légèreté et une musicalité supplémentaires. Il y a de nouveau beaucoup de présence et de douceur dans cette interprétation. Le détourage instrumental est parfait et totalement stable !

L’évidence de ces comparaisons est également à porter au crédit de la transparence des enceintes Klimax 350, qui font clairement penser à des panneaux, avec évidement une performance dans le grave totalement intégrée au reste du message‚ et difficilement égalable dans l'absolu ! Nous sommes ici dans la cour des (très) grands et, à titre de comparaison, l’évocation de noms tels que BW Nautilus, ProAc ou Eggleston Works vient naturellement à l’esprit.

Nous gardons le Klimax DS pour enchaîner la suite de l’écoute, qui alterne morceaux classiques et jazz. Profitons-en, ça ne coûte rien (tant que l’on ne repart pas avec ! ). En dépit de son côté (très) daté du point de vue des timbres, la Tosca de Puccini, version Georges Prêtre - Maria Callas de 1964, donne à visualiser une scène sonore immense et une ampleur très surprenante tant en largeur de bande qu'en dynamique.

C’est même assez troublant, car cette version est à la fois spectaculaire et, pourrait-on dire, assez douloureuse sur le plan tonal, par comparaison avec une bonne prise moderne. Même constat sur la Gioconda de Ponchielli (version Montserrat Caballé - Luciano Pavarotti), où le contour des instruments semble tracé à l'aérographe tandis que leur placement est d'une rare évidence.

Le deuxième concerto pour piano de Rachmaninov, version Vladimir Ashkenazi – Bernard Haitink et le ConcertGebouw d’Amsterdam (Decca) est exemplaire de démonstrativité, en dépit de certaines crêtes dynamiques qui peuvent crisper transitoirement l'oreille. Une version de la première symphonie de Malher par Claudio Abbado sur DG nous laisse par contre sur notre faim, tant du point de vue de la dynamique, sensiblement contrainte, que de la séparation des pupitres, cette fois très moyenne. C’est bien à cela aussi que l’on reconnaît les systèmes de très haute résolution !

Allez, une petite incursion dans le registre rock avec Dire Straits… Tiré de l’incontournable Love over Gold, l’introduction au synthé de «Private Investigations» affiche immédiatement une profondeur et un niveau d’analyse hallucinant qui laisse pantois ! Mais c'était sans même compter sur le niveau de grave abyssal qui se développe lors de l'entrée en scène de l'instrument... Tout le morceau est un véritable festival sonore, d'autant qu’il est richement instrumenté ! Tour à tour, le synthétiseur, la guitare sèche, la voix et la guitare électrique de mark Knopfler, le vibraphone, le piano et les différents bruitages ressortent avec une acuité inouïe. Sans oublier les saisissants impacts de la batterie. Cette restitution semble laisser passer la totalité des informations enregistrées, dont il faut croire que nous ignorions beaucoup !

Comme l’exprime une personne présente dans l’auditorium, l’enregistrement démontre cependant une disparité certaine, avec une qualité de prise qui va d'excellente à discutable selon les instruments. Mais nous tombons d'accord sur le fait que nous n'avons jamais entendu version plus détaillée, plus détourée ni plus spectaculaire, y compris au vinyle ! Il s'agit pourtant d'une réédition CD du tout-venant !

Conclusion

Le système Linn Klimax se distingue principalement par ses qualités de transparence superlative et de savante musicalité, et résume bien la philosophie inlassablement suivie par le constructeur depuis ses débuts. Car pour Linn, il n’y a rien de plus important que d’extraire et de restituer, de manière tout à fait intègre, le maximum d’informations sonores inscrites sur les supports du commerce (disque vinyles, CD, fichiers audio). Selon le constructeur, c’est à cette seule condition que la reproduction pourra être musicale. Pourra, car il reste évidement à tenir compte des conditions mêmes de la prise de son, de la forme et de l’inspiration des interprètes, de la manière dont sont effectués ensuite le mixage et le mastering. Et l’on sait que tous les enregistrements ne sont pas égaux de ce point de vue ! La transparence sonore, la mise en relief des plus infimes détails de jeu et des ambiances de salle ne sont donc que le corolaire de cette démarche et ne constituent pas une fin en soi.

En poussant le raisonnement jusqu’au bout, on pourrait d’ailleurs dire qu’un système Linn n’est pas musical en lui-même, mais qu’il donne (sans doute plus qu’un autre) la possibilité à la musicalité d’une œuvre de se développer et de s'épanouir. Du coup, il ne faut pas attendre de maillons Linn la moindre complaisance ou flatterie. Et sur un système tout-Linn de ce niveau, cette propriété est en quelque sorte portée à son paroxysme.

On ne pourra donc pas dire d’une écoute Linn qu’elle est «typée», puisqu’elle se distingue au contraire par une très grande neutralité, par une absence caractérisée de coloration ou d’artefact répétitif. Mais on peut aussi concevoir que pour certains auditeurs, cette «esthétique» sonore et musicale puisse presque être perçue comme trop franche, trop droite. Dans ce cas, notons que le passage à l’actif sur un système Linn apporte en général une fluidité encore supérieure, une subtile restitution du legato - cette infime prolongation des notes jusqu’au silence - dont la musicalité d’une œuvre se nourrit. Mais on n'y trouvera jamais d'embellissement ou de chaleur systématique.

D’autres constructeurs suivent une approche un peu différente, en n’accordant pas autant d’importance à la stricte intégrité au signal d’origine, et en essayant - le cas échéant un peu plus loin dans la chaîne - de masquer ou de compenser ses éventuelles carences par quelques artifices ou rondeurs bien placées. Si cela est fait intelligemment et de manière très dosée, pourquoi pas ?

Dans des conditions domestiques où certaines contraintes peuvent exister (niveau sonore maximum, résonances de local), on peut effectivement préférer, à la vérité parfois crue de certains timbres ou écarts dynamiques, une restitution adoucie, chaleureuse, ou chatoyante. Mais il faut alors reconnaître que tout systématisme en la matière écarte de l’esprit même de la haute fidélité …

Pour sa part, Linn a détourné à son profit, il y a plus de trente ans, la maxime «garbage in, garbage out», déjà bien connue à l’époque dans le monde informatique, pour développer une approche rigoureuse de la haute-fidélité et de la tâche de chacun des maillons concernés. Un mauvais enregistrement lu sur un système Linn restera donc irrémédiablement mauvais !

En revanche, et ces quelques heures d’écoute le démontrent amplement, les bons enregistrements existent, et foisonnent même ! Y compris dans les anciennes gravures, y compris dans les inévitables repiquages numériques (dont on ne sait pas souvent comment ils ont été faits) de morceaux historiques. Et si certains démontrent une qualité inégale, un système d’un tel pouvoir d’analyse permet de mettre totalement en lumière ce qu’il y a de réussi dans un enregistrement, et de bien cerner - pour ainsi dire d'écarter et d’isoler - ce qui l’est moins.

Il reste que tout cela a un prix, très élevé il est vrai, mais parfaitement justifiable au regard des technologies mises en œuvre, de la finition et de la fiabilité poussées de ces produits, et, au final, de l’incomparable plaisir d’écoute qui en découle. Et si votre portefeuille sort éreinté après l'acquisition d'une telle configuration, rassurez-vous :  même après de très longues heures d’écoute à fort volume, la fatigue auditive que vous ressentirez sera quasi nulle.  Ce qui est une autre marque distinctive des très gros systèmes bien conçus.


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lundi 4 février 2008

LINN Klimax DS


Origine : Ecosse - Prix : 15 000 € -
Distribué en France par Linn France


Un OVNI atterrit sur la planète terre !

Objet d'un genre plutôt nouveau, le Klimax DS est un décodeur de fichiers numériques musicaux compatible avec une pleïade de formats : Studio Master (fichiers de haute résolution en 24 bits - 96 ou 192 kHz), FLAC (le format CD standard 16 bits - 44,1 kHz en compression sans perte) , WAV (le même, non compressé), MP3 (à différents taux de compression) et Radio Internet. Il est destiné à être inséré au sein d'une installation comprenant en outre un routeur ethernet, une ou plusieurs unités de stockage (disques durs stand-alone) et un PC de commande.

Une rencontre du 3ème type

La découverte auditive du Linn Klimax DS en comparaison instantanée avec le fameux lecteur CD12 du même constructeur, s’imposait tout naturellement !

C’est avec le célèbre et incontournable disque de Hadouk Trio Baldamore que j’ai commencé l’arbitrage de ce duel. «Hijaz» est le premier extrait écouté dans le cadre de ce match au sommet. Après l’écoute attentive effectuée sur un gros système Linn multiamplifié avec pour source le lecteur Linn CD12, on passe sans plus tarder au Klimax DS.

Pour moi, le gain est immédiat en termes d’ambiance de salle. C’est ensuite la ligne de basse qui paraît plus alerte, plus déliée. Mais je dois avouer que cette toute première comparaison, bien que révélatrice, ne me paraît pas d’un contraste renversant. «Très significatif» serait plus adapté. Il faut dire que le disque est une très récente production, et que son mastering et son pressage ont été réalisés avec beaucoup de soin. La surprise viendra quand même, dans le cadre du retour arrière, c'est-à-dire en revenant du Klimax DS vers le CD12. Il est vrai que dans ce sens, les différences entre appareils de niveaux sensiblement différents sont souvent révélées de manière cruelle. Et là, c’est bien le cas ! Entre autres choses, la dynamique globale du morceau, son «groove», viennent de prendre … une bonne claque … c’est à ce point !

Inutile de dire que la longue soirée que j’ai passé avec cette merveilleuse source a vu se succéder de nombreux morceaux, presque tous écoutés entièrement (c’est un signe !). Sur «O Solitude», de l’exceptionnel Music for a while (Henry Purcell – par Alfred Deller) le passage du CD12 au Klimax DS s’accompagne immédiatement d’une remontée du souffle ! Ah bon… mauvaise nouvelle ? Du tout ! Car il s’agit bien là du souffle naturel, analogique, contenu dans l’enregistrement original, et donc bien présent sur le CD, mais quelque peu escamoté par le CD12.

Première conclusion de "psycho-acoustique" sommaire et phénomène bien connu des amateurs : l’oreille humaine (suivie de tout le système cérébral de l’audition) se saisit de ce qu’on lui donne, et lorsqu’il s’agit du meilleur, s’en satisfait immédiatement, presque avec désinvolture. C’est ainsi que placé face à un tel système depuis seulement quelques minutes, l’auditeur même exigeant finit par tout trouver très normal … jusqu’au moment où l’on repasse de l’exceptionnel au seulement excellent, qui paraît du coup presque plat !

Évidemment, ce souffle n’est pas la musique, mais ce qui est valable pour cette information l’est heureusement pour d’autres. Avec cette remontée du souffle, c’est donc aussi un bon nombre de détails qui apparaissent, à commencer par ceux liés à l’acoustique et à l’ambiance de la salle, bien plus évidentes à percevoir avec le Klimax DS. C’est également l’extinction des notes qui est repoussée beaucoup plus loin dans le temps et l’espace. Il en résulte le caractère accru de souplesse et de fluidité du message. La modulation de la voix d’Alfred Deller est d’une plus grande évidence, et comme éclairée d’une nouvelle lumière satinée. Toute coloration électronique semble absente de cette voix. Il devient même possible de discerner certains points de montage dans quelques morceaux de ce disque.

Restons encore un peu avec Purcell, car le temps semble s'écouler avec langueur. Effectivement, certains rythmes semblent plus lents à l’écoute du Klimax DS. Il se passe ici ce que l’on constate souvent lors de la comparaison instantanée entre deux sources de qualité sensiblement différente. Sur des morceaux calmes, le tempo paraît de prime abord avoir ralenti avec la meilleure source. Tout simplement parce que la tenue des notes est aussi bien meilleure ! Bien entendu, personne n’a effectivement ralenti le rythme du morceau, mais avec le Klimax DS les traits d’archets durent sensiblement plus longtemps. Comme si l’interprète effectuait un geste plus accompli, plus harmonieux, plus musical en lui même. La réverbération prolongée des notes est également responsable de cette perception. L’accompagnement clavecin et basse de viole atteint avec le Klimax une qualité de fluidité, de respiration et de brillance absolument exceptionnelles. Songeons donc qu’une source telle que le CD 12 paraîtrait même terne, comprimée et contrainte par comparaison ! C’est un comble !

Avec le DS, l’impression d’être plongé au cœur de l’événement est magistrale : en passant à Ella & Duke at the Côte d’Azur (!), enregistré en Juillet 1966 à Juan les Pins. Tout est sur ce disque désarmant de naturel. Pourtant, tout excellent qu’il soit, cet enregistrement accuse son âge, par une certaine sécheresse pourrait-on dire, et par l’apparente fausseté des timbres de certains instruments, dont le piano.

Mais sur notre système du jour, c’est bien le mot «naturel» qui vient de suite à l’esprit. La sensation d’y être est déjà grande avec le CD12. Elle est encore améliorée par passage au Klimax DS. La scène sonore gagne dans toutes les dimensions, et particulièrement en profondeur. Les attaques au piano sont fulgurantes, et le timbre de celui-ci s’est soudain enrichi. L’instrument est bien consistant, et perd pour ainsi dire la teinte un peu caricaturale de «piano saloon» qu’il peut avoir sur des systèmes de moindre qualité. Pourtant, il s’agit toujours du même instrument, et probablement pas du meilleur Steinway qui puisse se trouver ! Mais l’attention de l’auditeur est résolument attirée par le jeu même, plus que par l’apparence des choses. Autre impression troublante, les musiciens jouent beaucoup plus ensemble et sont plus gais, plus volubiles : dynamique et expressivité sont complètement libérées.



L'interface informatique Linn GUI

Pour autant, je n’irais pas jusqu’à dire que la restitution est devenue
totalement analogique. Mais entendons-nous bien : le niveau de qualité sonore et musicale atteint ici est superlatif, car pratiquement dénuée des artefacts habituels de restitution, qu’ils soient analogiques (exception faite de l’éventuel souffle) ou numériques. Nous atteignons donc clairement ici un sommet de bonheur auditif. Dans l’absolu, je pense néanmoins qu’une source analogique de haut niveau est capable d’aller encore plus loin dans les effets de présence pure, de révélation du grain instrumental … mais c’est vraiment pour couper le décibel en quatre, je vous l’accorde ! Cette signature numérique extrêmement ténue du Klimax DS, si elle est encore perceptible, va d’ailleurs dans le sens non pas d’une quelconque agressivité ou froideur, mais d’une impression de très subtil polissage des sons, rendant peut être les choses un tout petit peu plus scintillantes que nature. Mais c'est tellement bon !

Conclusion

Le Klimax DS parvient sans peine à remplir les deux fonctions essentielles que l’on attend d’un très beau maillon audio : outre une reproduction sonore en très haute-fidélité, il offre à l’auditeur l’assurance d’un plaisir et d’une curiosité d’écoute sans cesse renouvelés. Car après tout, sommes-nous toujours sûrs de connaître le timbre réel des instruments originaux d’un enregistrement ? Certes non, et même … presque jamais ! Seuls les ingénieurs du son et les musiciens eux-mêmes le connaissent, et encore, ils le perçoivent d’une manière toute différente de celle du public. En revanche, la fascination pour la redécouverte d’un disque bien connu, écouté sur un système d’une transparence et d’une musicalité supérieure, est un phénomène bien réel et appréciable, connu de tous les audiophiles.


Il est tout à fait ahurissant de constater ce que le fait de s’abstraire des problématiques de lecture temps réel du CD peut apporter en termes de surcroît de musicalité. Il est vrai aussi que les étages de conversion N/A du Klimax DS sont loin d’être bâclés. Cela étant, ceux du CD 12 ne l’étaient pas non plus ! Il faut donc bien accepter ce fait : même avec des mécaniques de haut vol, la lecture même des CD semble encore être le goulot d’étranglement de la reproduction numérique. Sauf à pouvoir lire et relire le même passage d’un disque jusqu’à rejoindre la certitude absolue d’une copie conforme, ce qui exclut malheureusement toute possibilité d’écoute en temps réel.

Bien que ce ne soit pas l’objet central de cette écoute, j’ajoute que les quelques extraits «haute-résolution» (c'est-à-dire en codage 24 bits/96 kHz) écoutés (et comparés immédiatement à la version 16 bits/44 kHz) n’ont finalement pas révélé le même gap qualitatif que le passage du CD12 au Klimax DS avec des morceaux en résolution standard. Ceci est en soi assez troublant. Car une telle expérience tendrait à prouver que tout «limité» qu’il soit en théorie, le format 16 bits/44 kHz du CD Red Book souffre surtout de sa mise en œuvre mécanique. Mais avec cette superbe machine qu’est le Klimax DS, des comparaisons plus fouillées entre différents formats d’enregistrement devraient bientôt suivre. Elles apporteront sans doute leur lot de nouvelles surprises.

Il reste que, pour tout exceptionnel qu’il soit, le Klimax DS – qui peut par ailleurs se prévaloir d’avoir été l’un des tout premiers serveurs audionumériques de très haut de gamme lancé sur le marché – reste à mon sens handicapé par son prix, et par la nécessité d’une configuration un peu compliquée nécessitant PC, routeur et disque dur externes. Par ailleurs, à la date de cette écoute, l’ergonomie du système reste perfectible et l’on déplore notamment l’absence de visualisation des pochettes des CD reportés et écoutés. Insuffisance que Linn devrait combler dans les mois qui viennent…


La face arrière du Klimax DS