vendredi 8 octobre 2010

Enceintes Totem Acoustic Wind - suite




Ecoute

Tout comme sur les autres modèles de la gamme, les Wind Design visent le concept de «single point imaging» qui permet d’assurer une excellente reconstitution de la scène sonore ainsi qu’une constance de l’image en fonction de la position de l’auditeur. Cela s’entend et se ressent. Car, à l’instar de beaucoup d’autres modèles de la gamme, le positionnement n’est pas critique, et l’image stéréophonique est très avantageuse, particulièrement sur les formations de grande ampleur. Mais ce système pas tout à fait compact parvient également à focaliser avec précision les instrumentistes de plus petites formations.

Avec les Totem Wind, on retrouve évidemment l’air de famille que l’on apprécie tant sur d’autres modèles. Sorte de quadrature du cercle réussie entre consistance et précision du message, entre souplesse et rapidité de réaction, entre brillance et respect des timbres. La Wind, comme nombre de ses petites sœurs, est un produit qui ne cherche pas à mettre en avant une qualité particulière susceptible de faire de l’effet dans un salon – mais de lasser sur le long terme.

Il s’agit d’une enceinte large bande au spectre très généreux mais pas stratosphérique. Par exemple, elles donneront sans doute un peu moins que les Forest, les Hawk ou les Staff, l’incroyable impression d’un grave transcendant littéralement le volume imposé. Cela étant, si sur ces derniers modèles cités cette qualité est littéralement exceptionnelle, elle reste tout de même très présente avec les Wind, qui remplissent l’espace avec facilité jusque dans l’extrême grave. Et cette largeur subjective de bande s’apprécie déjà à des volumes sonores faibles à modérés. Il n’est pas nécessaire de leur faire élever la voix pour en tirer une reproduction pleine et équilibrée. Les Wind s’écoutent aussi bien à l’heure de l’apéritif entre amis (où il faut pouvoir échanger calmement ses impressions sur la musique), que lors de face à face plus «égoïstes» où l’on pourra se laisser aller à monter le niveau pour se donner l’impression d’être véritablement placé devant une formation musicale en chair et en os.

Le registre médium est évidemment superbe, tactile à souhait, et magnifiquement révélé sur le récent Stories to tell yet de Norma Winstone, où la voix de la chanteuse anglaise et la clarinette basse de Klaus Gesing bénéficient d’une présence et d’une respiration exceptionnelles. Les Wind magnifient les belles prises de son acoustiques et leur grand pouvoir d’analyse, très humain, fait merveille avec les beaux disques de jazz et de musique classique.


Le redoutable enregistrement des derniers opus de Franz Liszt, Late piano works par Peter Toth chez Stockfish Records campe un piano d’une extrême puissance, en vraie grandeur, certes plus incisif que celui du précédent disque écouté. Mais ici aussi, l’ambiance de salle (très grand studio) est magnifiquement reproduite.

Si elles affirment volontiers une belle et soyeuse rondeur propres à la restitution domestique, les Wind ne manquent pas de caractère pour autant. 

Pour preuve, le fougueux Houria, mené par le jeune contrebassiste Stéphane Kerecki, bénéficie d’une qualité de prise de son ultra réaliste qui donne à chaque instrument une précision et une vigueur tout à fait exceptionnelles, parfaitement retranscrite par nos belles colonnes canadiennes. Les ambiances successivement urgentes puis apaisées que projette cet excellent trio sont reproduites avec un naturel confondant, une pâte instrumentale peu commune. Et toujours ce sens profond de l’espace, qui transporte l’auditeur sur les lieux mêmes de la prise de son (le superbe studio Sequenza).

Pour un encombrement qui reste bien contenu, les Totem Wind emplissent donc la pièce d’écoute d’un son riche et plein, dont les qualités majeures sont bien la souplesse et l’ouverture. Sauf évidemment avec des enregistrements plats (et il y en a). A l’impossible nul n’est tenu ! Mais cette performance généreuse s’obtient déjà avec des électroniques à la puissance de sortie assez modeste. L’association avec l’ampli Pass Labs X30.5 pourtant peu puissant dans l’absolu fait ici miracle de ductilité et d’ampleur, sans jamais agresser l’oreille même aux niveaux élevés que l’on peut facilement obtenir des Wind, en dépit d’un rendement bien sage d’environ 87 dB.


Conclusion

Les quelques 10000 € que coûtent les Totem Wind constituent bien sûr une somme importante, devant laquelle on conçoit devoir réfléchir avant d’investir. S’il on s’en tient strictement à l’énoncé de sa fiche technique ou à la liste des technologies qu’elles embarquent, on pourrait très bien passer à côté du produit. Mais l’écoute démontre à quel point les Wind sont capables de naturel musical et tonal, pour une reproduction toujours pleine, jamais crispante de la musique. Ce sont les qualificatifs souple et soyeuse qui caractérisent sans doute le mieux la restitution qu’elles procurent. 

Nous sommes ici aux antipodes des effets crispants de l’hyper définition ou de la dynamique exacerbée typée système à haut rendement. Car les Wind sont faites pour l’écoute domestique de longue durée, et savent déployer à cette fin une chatoyante palette de couleurs tonales et une belle matière sonore. Ce qui assure au final à beaucoup d’interprétations un naturel et une musicalité confondants.

A noter qu’un nouveau modèle à 2 voies et 3 haut-parleurs devant combler le gap existant entre les Forest et les Wind est semble-t-il toujours à l’étude chez Totem.  Cette enceinte bénéficiera elle aussi de haut-parleurs spécialement étudiés et non d’une adaptation de modèles du commerce ou déjà utilisés sur d’autres modèles de la gamme. Elle s’appuiera notamment sur un boomer de 18 cm de diamètre présentant une fréquence de résonnance très basse (autour de 20 Hz) ainsi qu’une motorisation ultra puissante spécifique. Cette enceinte embarquera deux de ces boomers plus un tweeter, et devrait mesurer quelques centimètres de moins que la Wind. Le but : délivrer de l’ordre de 80 % des performances de la Wind pour un prix sensiblement inférieur.