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lundi 25 avril 2011

Goldmund et Focal au Bristol





Il faudrait être fou pour dépenser moins !



Je ne sais pas si les marques présentes ce week-end pascal à l’hôtel Bristol apprécieront ma créativité en matière de slogan publicitaire… Toujours est-il que les systèmes déployés par Jefferson Hifi Vidéo dans l’immense salon Saint-Honoré atteignaient des sommets en termes de prix.

Les électroniques et enceintes Goldmund, ainsi que les enceintes Focal de la gamme Utopia (3e du nom), font en effet partie du gotha de l’électro-acoustique domestique. D’une manière générale, leurs produits embarquent des technologies avancées, font appel à des composants originaux et triés sur le volet, et jouissent d’une finition exemplaire. Une fabrication et une finition en tous points comparables à celle d’une Jaguar ou d’une montre Jaeger-Lecoultre. Mais tout comme il n’est pas absolument indispensable de posséder l’une et l’autre pour pouvoir se déplacer et avoir l’heure, nombreux sont les mélomanes et audiophiles qui s’interrogent sur les vertus réelles de tels matériels.

Car il existe évidemment de très nombreux systèmes audio qui, sans atteindre les sommets de prix observés ici, fonctionnent déjà très correctement !  Dieu merci… Cela étant, il appartient à chacun, en fonction de ses moyens et de ses priorités personnelles, de ce qu’il ressent à l’écoute d’un système, de définir si un niveau de prix donné est parfaitement justifié ou absolument déraisonnable. Pour ma part, mon objectif dans ces colonnes est de décrire des appareils ou des systèmes remarquables, susceptibles de me donner le frisson.

Les deux configurations démontrées ce week-end par Jefferson font clairement partie de ce groupe. Elles représentent une forme d’absolu technologique et musical dont les qualités de restitution sont indéniablement superlatives et assez uniques. Ce dont je m’efforce de donner un aperçu à travers un commentaire écrit. Mais il appartient à chaque personne intéressée de se faire une opinion par elle-même si le jeu en vaut la chandelle en allant écouter ces matériels là où ils sont présentés. Et l’on acquière évidement pas de telles configurations, ni même des éléments beaucoup moins coûteux, sur la base de la lecture d’articles, quelque élogieux qu’ils puissent être.


L’enceinte Focal Stella Utopia

Petite soeur directe de la Grande Utopia, la Stella (70 000 € la paire) en possède presque tous les atouts technologiques, dans une silhouette néanmoins plus compacte mais affichant tout de même un poids de 165 kg pièce !

Elle utilise donc le fameux tweeter à dôme inversé au beryllium développé par Focal, qui bénéficie d’un volume de charge quasi-infini et dépourvu de turbulence, grâce à l’optimisation de la forme de l’aimant (un cylindre profilé). Cet aimant Neodyme développe un champ magnétique de 2,15 T. Le rendement de ce tweeter atteint 95 dB. Sa bande passante s’étend de 1 kHz à 40 kHz.

La membrane des haut-parleurs médium et grave, dite «W», est constituée d’une très fine couche de mousse prise en sandwich entre deux voiles de fibre de verre. Cette conception propre à Focal concilie les qualités antagonistes de rigidité, de légèreté maximum, amortissement interne élevé. La forme de la couronne d’aimants du médium, qui répond au doux nom de «Flower Power» est également destinée à optimiser le flux magnétique qu’elle génère.
L’un des morceaux de bravoure technologique de cette enceinte est son boomer de 33 cm de diamètre à excitation magnétique. Ici, pas d’aimant permanent comme dans l’immense majorité des haut-parleurs électrodynamiques.

Le champ magnétique constant dans lequel doit baigner la bobine mobile est crée par un électro-aimant alimenté en courant continu par un boîtier séparé. Cette approche assez rare permet elle aussi une optimisation du rendement de ce haut-parleur, mais également d’ajuster le niveau relatif de cette voie indépendamment des autres.  Il permet d’atteindre les 18 Hz à - 6 dB.

Enfin le filtrage OPC+ (pour «Optimised Phase Crossover») ne fait appel qu’à des composants audiophiles mais sélectionnés à l’écoute. Il permet le réglage fin du niveau de chaque voie ainsi que la biamplification de l’enceinte. Focal insiste sur le fait qu’il n’est pas destiné à corriger d’éventuels défauts des transducteurs, mais seulement à répartir les fréquences. On verra que malgré l’excellente qualité intrinsèque de ce filtre et des haut-parleurs de la Stella Utopia, le système d’optimisation Leonardo développé par Goldmund apporte un surcroît d’homogénéité à la réponse de l’enceinte. 


Goldmund

Difficile d’en savoir autant à propos des produits du constructeur suisse. En tous cas, principes de conception et détails de circuiterie restent jalousement gardés. On sait quand même que, mise à part son expérience de l’audio analogique et numérique, Goldmund attache une importance toute particulière à la sélection des composants, au nombre et au dimensionnement des alimentations, à l’intégrité mécanique des boîtiers. Ce qui a conduit la marque à développer une solution de mise à la masse mécanique des coffrets qui élimine les vibrations en les écoulant vers le support. A propos du lecteur Eidos 20 CD (12 000 €), on sait aussi que le concepteur a porté une attention particulière à ce qui se passe aux vitesses de rotation les plus lentes (c’est à dire en fin de lecture d’un disque, là encore où les vibrations générées par la mécanique sont les plus dommageables) et au contrôle des erreurs de lecture du bloc laser.

Un des points forts du préampli Mimesis 16 (25 000 €) est sa conception hybride analogique/numérique qui incorpore nativement le système de correction de caractéristiques d’enceintes baptisé Léonardo.
Ce système consiste en un traitement numérique du signal visant à corriger les défauts de rayonnement présentés par une enceinte donnée. Dès à présent, Goldmund développe des partenariats avec les fabricants d’enceintes Focal bien sûr, mais aussi Vivid et Sonus Faber.
Le facteur d’enceintes - qui doit accepter l’idée que son enceinte et le filtrage passif qu’elle incorpore peuvent encore être optimisés en dépit du soin qui a été apporté à leur mise au point - doit fournir un fichier détaillé correspondant à la mesure du rayonnement de l’enceinte sous de nombreux angles d’incidence et à de multiples points dans le spectre audio et au delà. Il ne s’agit d’ailleurs pas pour Goldmund de tenter d’imposer à un modèle d’enceinte des caractéristiques qu’il n’a pas. Mais plutôt de compenser, par l’entremise d’un filtrage numérique très rigoureux, les défauts de linéarité d’amplitude, de phase et de temps de propagation inévitablement introduits par le filtre passif, aussi élaboré soit-il.

On peut ainsi mettre en oeuvre un système de filtrage actif (dans le domaine numérique) remplaçant purement et simplement le filtre passif contenu dans une enceinte. Le Mimesis 16 peut le faire sur 10 voies distinctes, et gère un total de 16 voies de sorties permettant aussi la mise en oeuvre d’une configuration audio multicanal et multivoie. Chez Goldmund, l’étape d’optimisation suivante consiste à utiliser le logiciel Proteus, qui permet d’introduire les caractéristiques fines de la pièce d’écoute au nombre des paramètres à corriger pour une optimisation complète du système enceintes + salle.

Enfin, les blocs de puissance Telos 350 (21 000 € la pièce) sont une des déclinaisons de la série éponyme qui compte désormais de nombreux modèles. Dérivé du prestigieux modèle 5000, ce nouveau bloc de puissance présente à la fois une entrée analogique au niveau ligne et une entrée spdif munie d’un convertisseur numérique/analogique Alize de 6e génération.
Il peut délivrer 500 W de puissance instantannée sur 8 Ohms. La bande passante des étages d’amplification (purement analogique) s’étend de 0 à 3 MHz à +/- 3 dB, et affiche en conséquence un temps de montée inférieur à 300 ns. Selon le constructeur, la distorsion (THD) reste inférieure à 0,05 %, avec toutefois un mode de mesure plutôt favorable (charge à haute impédance, volume moyen). Si elles ne sont pas en elles-mêmes garantes de musicalité, ces valeurs sidérales (et sidérantes) sont le reflet du haut degré d’ingénierie et d’expérience développés par la marque suisse. 





Goldmund et Focal au Bristol (suite)



L’écoute

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire par le passé, les produits Goldmund parviennent en général à concilier des critères de restitution sonore pratiquement antagonistes : sensation d’enveloppement complet et de grande douceur d’une part, précision et impact d’autre part.
Associés aux enceintes Focal Stella (ici bi-amplifiées passivement), le préampli Mimesis 16 et les quatre blocs d’amplification mono Telos 350 qui l’accompagnent présentent une bande passante d’une largeur exceptionnelle. L’image stéréophonique est généreusement déployée et reste appréciable même lorsque l’auditeur s’écarte notablement du sweet spot. La consistance et la vraisemblance des sources sonores sont en tous points impressionnantes. Le système semble totalement dépourvu de distorsion, et comme toujours en pareil cas, les flux musicaux sont présentés de manière complètement posée. L’écoute à haut niveau sonore ne traduit aucune crispation et n’empêche pas de pouvoir converser avec son voisin. L’exact opposée d’une restitution agressive...

A la première écoute, tous les attribut du très grand son sont donc réunis. Mais cette première constatation effectuée, il faut rapidement écouter des voix : leur restitution est, de manière confondante, à la fois charnue et quasiment dépourvue de caractère électronique. Ceci est un test à la fois facile et décisif. D’une part, notre oreille est morphologiquement plus adaptée à l’écoute de la voix humaine qu’à quoi que ce soit d’autre, d’autre part nous passons nos journées à communiquer verbalement. Que nous en soyons conscients ou pas, nous sommes tous capables de détecter très finement le caractère naturel ou artificiel d’une voix, qu’elle soit connue ou inconnue ! 

Ajoutons pour la petite histoire que nous écoutons tout simplement un CD gravé (contenant un programme compilé par Gérard Chrétien de Focal) et non un pressage CD audiophile, un SACD ou un fichier à haute résolution… Il serait donc possible d’obtenir d’une bête copie de CD un son franchement humain ? Oui, avec le lecteur Eidos CD 20 en tout cas, ça l’est !

Mais retour à des programmes musicaux plus complexes. Sur un des concertos pour piano de Chopin, et en dépit du système de climatisation un peu bruyant qui équipe l’immense salon, les fins de notes sont bien là et confèrent à l’extrait écouté un legato magnifique et une rare souplesse. De manière évidente, nous sommes ici aux antipodes d’une restitution exacerbée et tonitruante, qui peut par exemple être le fait de systèmes à très haut rendement. Ces derniers ont d’ailleurs leurs qualités, et leurs adeptes. Ici, rien à voir. Mais il est possible que cette manière d’infinie délicatesse ne soit pas du goût de tout le monde, tant il est vrai que même la musique vivante peut présenter des aspérités, des marques d’agressivité - qui n’ont absolument pas cours ici. 

Et nous retombons là sur un des questionnements fondamentaux de l’enregistrement et de la reproduction du son. Dans la réalisation d’une prise de son, dans la mise au point d’un appareil ou d’une configuration, faut-il toujours viser la plus grande transparence possible au risque de crisper, ou plutôt privilégier le confort d’écoute notamment sur le long terme ? Si elle est appliquée de manière jusqu’auboutiste, et bien qu’elle soit systématiquement revendiquée par les constructeurs de matériel, l’option de transparence absolue risque fort de n’emporter les suffrages que dans le cadre d’écoutes à relativement court terme. Et encore ! Il n’est pas certain que nous soyons capables de tolérer d’un système audio domestique ce que nous acceptons, souvent sans nous en rendre compte, lorsque nous sommes au concert, qu’il soit acoustique ou amplifié, qu’il s’agisse de musique de chambre ou de heavy metal. D’un autre côté, privilégier à tout prix le confort d’écoute en gommant toute aspérité du message musical conduira immanquablement à une restitution lénifiante.

On pourrait dire que les sources, préamplis et amplis Goldmund parviennent à un savant équilibre entre ces deux approches contradictoires, mais avec tout de même une nette tendance à préserver le plaisir d’écoute, heure après heure, jour après jour… et probablement année après année. Pour employer une autre comparaison avec l’automobile (elles sont courantes en haute-fidélité), un tel système est probablement plus proche du caractère puissant et feutré présenté par une Bentley que de la fulgurante nervosité typique d’une Ferrari. J’écris d’ailleurs probablement, car j’avoue n’être jamais monté ni dans l’une ni dans l’autre voiture ! Mais je pense que l’image est assez explicite… Toujours est-il que l’on ressent à l’écoute de ce système une impression de totale aisance, d’aération extrême tout à fait déconcertante. Le combo Goldmund établit donc une forme de quadrature du cercle en conciliant aspect spectaculaire et absence d’esbrouffe, contrôle exemplaire des membranes et liberté d’expression peu commune.

Leonardo en action

Une partie du bénéfice en revient au système Leonardo de correction des voies d’enceintes. Sur plusieurs morceaux, nous essayons l’écoute sans correction puis avec. Tout d’abord sur la superbe reprise de «Yesterday» due à la regrettée Shirley Horn. Certes, la première version sans correction est déjà d’une très haut niveau de musicalité. On est même dubitatif quant au fait de pouvoir obtenir sensiblement mieux de ce même système.

Le gain apporté par le système de correction se fait d’abord ressentir sur le critère de la précision : meilleure localisation et ponctualité de la chanteuse, attaques du piano plus précises. La consistance du message est encore améliorée, le piano a plus de corps et justesse. Mais de manière sans doute plus surprenante, le chant est transcrit de manière sensiblement plus expressive avec des inflexions mieux marquées. Le moindre chuchotement de la chanteuse devient facilement perceptible...

Même effet sur «Mistral gagnant» de Renaud, un titre très apprécié de Jefferson Torno, physiquement aux commandes de ce système sans télécommande (je plaisante, mais il faut bien changer le CD de temps à autre !).
Le titre «Alleluïa» version Jeff Buckley bénéficie quant à lui, avec l’aide du Leonardo, d’un son de guitare bien plein, et d’une transparence sur la voix qui révèle aussi les limites de cette prise de son. Mais le morceau est restitué avec une très rare humanité et un magnifique sentiment de présence.
C’est ensuite un monumental et quasi analogique «Take Five» qui lui succède, comme au bon vieux temps des démonstrations hifi lorsque le CD n’existait pas encore, Leonardo toujours actif. Bien que le système Proteus de correction de salle ne soit pas activé, l’ampleur du message, sa ductilité, la franchise et le naturel des attaques restent intacts même en des positions d’écoute très éloignées du système, ou très décentrées par rapport à l’axe des enceintes. Tout comme si de véritables musiciens étaient présents dans la salle ! Or on ressent d’ordinaire une perte de consistance et de crédibilité du message dès que l’on éloigne de plus de quelques mètres d’une paire d’enceintes. Il semble donc bien que le recalage notamment temporel des informations effectué par le dispositif Leonardo soit efficace.


L’ensemble Metis


Face à ce système presque gigantesque, on pouvait écouter la mini-chaîne Metis… Mini par la taille, certes, pas forcément par le prix ! Toujours est-il que l’on peut parler de prouesse car ampleur subjective et musicalité transcendent sensiblement l’encombrement très réduit des différents éléments qui la compose : lecteur Metis Player (7000 €) en alternance avec un mini-ordinateur utilisé en source numérique, préampli numérique Metis 10 (8000 €) et enceintes compactes Metis Speaker à deux voies (11 000 € la paire) placées sur des pieds Music Tools (900 €) parfaitement assortis. Câblage Absolue Créations Digiteam (250 €).

On retrouve ici la patte de velours typique de la marque, combinée à une très belle image sonore, pourvu cette fois que l’on ne quitte pas le sweet spot central. L’ensemble est également capable d’un sens du swing étonnant qui en ferait presque oublier le manque de fondation dans l’extrême grave. Le fait que les Metis Speaker soient des enceintes numériques actives, c’est à dire munies d’un étage de décodage spdif suivi d’un filtrage numérique, d’une conversion numérique/analogique et de deux modules d’amplification Telos 150 alimentant chacun un haut-parleur n’est pas pour rien dans le prix élevé de ces petits bijoux.

J’avoue cependant être moins convaincu par cette approche, technologiquement très pointue, mais d’un coût assez prohibitif. Car on pourra trouver sans trop d’efforts de très beaux mini-systèmes capables de de dispenser un plaisir d’écoute au moins égal pour un prix bien moindre. Cela étant, les inconditionnels de la marque y retrouveront l’esthétique sonore, visuelle et l’incomparable finition typiques de Goldmund.










lundi 4 avril 2011

Rencontres annuelles Goldmund



Rencontres au sommet de l’audio


Jefferson Audio-Vidéo convie les amateurs de beaux matériels à l’Hôtel Bristol (Paris VIIIe), les 23 et 24 avril prochains. A l’écoute, de nouveaux produits Goldmund bien sûr, mais aussi des enceintes de marque Focal et Raidho. 

De très beaux moments musicaux et quelques annonces importantes sont attendus du constructeur suisse, qui revend désormais sa technologie de correction acoustique Leonardo à quelques unes des meilleures marques d’enceintes du marché mondial...

Même s’il s’agit de produits très haut de gamme qui ne sont pas forcément à la portée de toutes les bourses, on appréciera de retrouver réunis quelques uns de joyaux de l’audio-vidéo domestiques et de se laisser aller au plaisir de l’écoute.

Tout comme on aime admirer, à défaut de pouvoir se les offrir, les très belles voitures ou superbes montres que l’on peut d’ailleurs assez facilement dénicher dans ce même quartier !

C’est donc une incursion dans les territoires du luxe absolu que nous offrent Goldmund et son dynamique distributeur français. Un événement à ne pas rater...







lundi 12 avril 2010

High End Days 2010 - 1




Sélection d'auditoriums parisiens ayant participé aux High End Days 2010 (et présentés selon un ordre alphabétique impartial !)



Acoustic Gallery

Chez Acoustic Gallery, on avait décidément le choix des sources, et sous toutes leurs résolutions, avec pour commencer une platine TD Brinkman Oasis (15000 € avec son bras 10.5) et une cellule EMT modifiée (3000 €) délicatement manoeuvrées par le maître des lieux Thierry Chrétien.

Et pour le numérique, les lecteurs CDC Nagra (14400 €) et EMM Labs XDS1 (24500 €), et même un dock ipod Wadia... Le tout posé sur un meuble HRS.

Reposant aussi sur une abondance de plateaux HRS et saupoudrés de blocs anti-vibratoires du même métal, l'amplification déployait une batterie complète de références Aesthetics : le préampli phono Rhea (7950 €), le préampli ligne Calypso Signature (7950 €) et les blocs de puissance monophoniques Atlas Signature (18600 € la paire), qui alimentaient, grâce à une câblerie Kubala Sosna Elation  des plus ésotériques, une paire de toutes nouvelles enceintes B&W 802 D (14000 €).


Toutes nouvelles et donc malheureusement peu rôdées, ce qui leur conférait une saveur verte et tannique assez prononcée en ce premier jour de manifestation. 

Ah, mais l'invincible Martial Hernandez était placé aux commandes du système, et s'employait déjà à lui faire perdre assez vite sa raideur - avec notamment des réglages de volume qui, s'ils avaient été ajustés au potentiomètre rotatif, auraient plus souvent taquiné l'heure du goûter que caressé tendrement celle du petit-déjeuner, si vous voyez ce que je veux dire ! 

Mais aussi avec un programme musical d'une richesse peu commune, émaillé des savantes analyses et croustillantes anecdotes dont il a le secret. Un progamme complété, précisons-le, par quelques unes des meilleurs gravures analogiques et numériques distribuées par l'importateur français Jazzybird, présent lui aussi. 

Enfin, il faut croire que la méthode a du bon ! Car le dimanche après-midi,  les belles anglaises n'avaient certes pas cédé devant l'assaut, mais s'étaient déjà singulièrement assouplies et s'épanouissaient plutôt bien dans la grande pièce de l'auditorium. 

On pouvait le constater avec le vibraphone de Milt Jackson sur «Nature Boy», incroyable de... naturel percussif et musical, tout autant qu'avec la symphonie du nouveau monde de Dvorak dans le prestigieux pressage vinyle Esoteric (version Istvan Kertesz à la tête du Wiener), où l'on voyait littéralement les cordes des violoncelles et contrebasses vibrer devant nous (dépêchez-vous, car après mon passage je crois qu'il n'en reste plus que deux exemplaires sur le marché français !).

Sans parler de la dynamique restituée, de la largeur de bande, de l'image stéréophonique, toutes superlatives - et toutes réunies notamment pour une comparaison d'interprétations et de prises de son de symphonies de Schostakovitch, dont les furieuses scansions ont dues être répercutées assez loin dans le réseau des catacombes du 17e arrondissement. Et s'il on ne cherche pas à approcher des niveaux un peu réalistes avec ce type de matériel, avec quoi le ferions-nous ?

Pour ma part ce fût une réconciliation car, exceptées les époustoufflantes et plus compactes Signature Diamond, et en dépit de l'image prestigieuse de la marque, B&W produisait selon moi ces dernières années des modèles d'enceintes trop ostensiblement analytiques et/ou difficiles à mettre en oeuvre...


Audio Synthèse

La réconciliation avec BW s'est poursuivie, avec ces mêmes 802 D, également démontrées chez Audio Synthèse dans le cadre d'un système et d'une acoustique totalement différents. Et avec des modèles sans doute beaucoup plus rôdés (mais pas encore assez selon les spécialistes du lieux, qui pratiquent la marque anglaise depuis des années. Grand bien nous fasse, les experts de la rue de Prague sont des puristes !).


Même dans le salon de taille moyenne où elles prenaient place (et où l'on aurait pu les croire un peu à l'étroit pendant les périodes de grand affluence), ces grandes filles s'effaçaient littéralement devant la musique tout en procurant une focalisation très ponctuelle des sources sonores.


Première écoute dès mon arrivée : le quatuor à cordes opus 5 de Franz Xaver Richter par l'ensemble Rincontro (sur le label Alpha), qui constitue un test assez redoutable en matière tonale. 

Immédiatement, le caractère enjoué et naturel de l'interprétation éclatait au grand jour. Aucun gonflement instrumental n'était à déplorer, les timbres étaient justes et la précision de la scène sonore exemplaire. Le violoncelle solo d'Emmanuelle Bertrand interprétant les Trois strophes... de Henri Dutilleux (prise son Radio France, disque paru chez Harmonia Mundi) était ici restitué de manière hyper-expressive, incroyablement définie, tout en étant replacé dans une acoustique vaste et naturelle. On se serait levé pour embrasser Emmanuelle.


Gros choc aussi avec un extrait du dernier album de Peter Gabriel («My body is a cage») en résolution 48 kHz - 24 bits, avec une restitution absolument démentielle de pureté et de densité. Le grand frisson. Une matière sonore et un réalisme instrumental qui laissaient pantois, sans pratiquement aucune limitation subjective dans le bas du spectre. Et n'évoquons que pour mémoire les plus anciens enregistrements de Joni Mitchell, d'Archie Shepp ou de Michel Portal qui s'enchaînaient, totalement transfigurés par le système.

Placé en amont du système,le lecteur de fichiers Linn Klimax DS (15000 €) rappelait au passage qu'en dépit d'un prix un peu astronomique quand même, il se pose tout simplement comme l'une des meilleures sources du monde, point. Il suffisait de constater à quel point un simple CD transféré sur disque dur et lu par le DS (dans sa bête résolution d'origine, donc) gagne en profondeur, en qualité des timbres et en fluidité. 


Ce petit monstre compact était suivi des tout aussi discrets préampli Linn Klimax Kontrol (10500 €) et des blocs d'amplification Klimax Solo 500 (20700 €), reliés entre eux par un câblage mono-marque Linn, comme il se doit.


Jefferson à l'hôtel Bristol


Deux marques mythiques associaient leurs nouveautés dans un grand salon de l'hôtel Bristol, sous la bannière de Jefferson, importateur et revendeur situé à Pérouse (90).



Focal d'une part, avec les nouvelles enceintes Grande Utopia (130000 € la paire), troisièmes du nom, désormais présentées avec le suffixe EM (voir explication ci-dessous), qui constituent une véritable somme technologique sans compromis dans laquelle chaque détail a été pensé en vue de la meilleure performance objective et subjective possible. 


Après avoir adressé avec succès la problématique des membranes (tweeter à dôme inversé au béryllium, cône des haut-parleurs medium en structure W multi-matériau), de la géométrie des moteurs (augmentation de la longueur des bobines, intensification et uniformisation des champs magnétiques produits), de la géométrie des coffrets et de leur articulation (système Focus Time), il ne restait  plus qu'à remettre en cause la conception même des boomers !

C'est donc chose faite avec les nouvelles Grande Utopia EM et Stella Utopia EM, qui font donc appel à un haut parleur de grave à excitation magnétique, c'est à dire dans lequel le champ est produit non plus par un aimant permanent mais par un électro-aimant alimenté en courant continu (ce qui permet d'ailleurs une sorte de réglage fin du rendement de celui-ci).

Goldmund, d'autre part, présentait de nouvelles références de sources, préamplificateurs et amplis de puissance, tels que le Eidos 20 CD (12990 €), le Mimesis 16 16 ch (23600 €), les bloc Telos 250 (22780 € la paire). 


Sur l'image ci-contre, c'est le Telos 350 qui est représenté. Ce modèle bénéficie d'une «mise à la terre mécanique» extrêmement sophistiquée dont on aperçoit un élément affleurant au sommet du coffret, lui-même réalisé en épaisses plaques métalliques de densité toutes différentes.

Ici aussi, abondance de supports et palets anti-vibratoires HRS, «accessoires» à la qualité de fabrication aéronautique, et dont le prix atteindrait presque - pour un meuble complet équipé des meilleures plaques de découplage de la gamme - celui d'un petit avion de tourisme ! Bon, j'admets exagérer un peu…


Toujours est-il que pour faire fonctionner de tels systèmes sans compromis (ou même sensiblement moins ambitieux), dans ce genre de conditions adverses (épaisse moquette d'un salon ouaté, ou, à l'inverse, craquant parquet dans une pièce très claire) HRS se démarque fortement de la meute pléthorique des accessoiristes ésotériques.


Cet énorme système était déployé dans un salon acoustiquement très amorti et avait été «focalisé» dans l'optique d'écoutes collectives. Du coup, c'était surtout une sensation (d'extrême) confort sonore très enveloppant, d'immense décontraction et de sérénité, qu'exprimait cette configuration. Plutôt que la recréation d'une image sonore tridimensionnelle holographique (dont on sait pourtant qu'elle en est parfaitement capable). 

Une configuration au potentiel pratiquement illimité que ce soit en termes de bande passante ou de pouvoir d'analyse. Un système avec lequel on écoute beaucoup de musique, pendant des heures si possible, et qui parvient même à transcender par son impression de tranquille présence le plus négligeable disque de variétés... Mais avec lequel on prend évidemment un plaisir rare à écouter l'orchestre symphonique ou de chambre, des formations jazz acoustiques ou électriques, ou encore des standards pop tels que «Riders on the storm» des Doors ou «Karmacoma» de Massive Attack.

Evidemment, les résultats obtenus variaient énormément d'un enregistrement à l'autre, mais sur une bonne prise de son les énormes Grandes Utopia s'avéraient capable de ne pas dilater systématiquement les sources sonores, tandis que les électroniques Goldmund faisaient preuve d'une constante et soyeuse délicatesse.

Et, chose assez rare, ce système fonctionnait déjà très correctement dès vendredi matin - pour atteindre un régime de croisière à la fois plus posé et plus tonique (c'est possible !) dimanche en fin de journée. La présence attentive (et attentionnée) de Gérard Chrétien (n° 2 de Focal) et de Jefferson Torno n'y était certainement pas étrangère.