dimanche 26 juillet 2009

Glenn Ferris Pentessence Quintet - Samedi 25 juillet - Arènes du Jazz


Jazz de luxe en écrin de verdure

Situées à quelques pas seulement d'un Sacré-Coeur hautement fréquenté par les touristes - et par les parisiens qui souhaitent bronzer en altitude -, accrochées à flanc de colline, les Arènes de Montmartre sont juste assez grandes pour contenir environ 300 personnes, une jolie scène circulaire et deux ou trois tentes et bungalows techniques.

Aujourd'hui les musiciens ont pu répéter à leur aise, lors d'une séance très studieuse au cours de laquelle le leader et son groupe travaillent patiemment les enchaînements sophistiqués des morceaux qui seront joués le soir.

On s'essaye même à un changement de micro, notamment pour la contrebasse de Bruno Rousselet qui émet le souhait de tester son modèle à condensateur : «Il s'agit d'un excellent micro, d'origine chinoise, qui donne un très bon son en studio mais s'avère plus difficile à utiliser sur scène». Finalement, il ne sera pas retenu. On parle anglais et français pendant cette balance, car tous les musiciens du Pentessence quintet sont français. Mais le leader maîtrise aussi la langue de Verlaine (avec un savoureux accent).

Si le jazz du Texier Sextet est revendicatif, voire politique, celui de Glenn Ferris et de son Pentessence band est plus ostensiblement festif et léger. A l'image de la chemise bariolée de son leader - qui selon Nadine, mon assistante, partagerait même quelque ressemblance avec un certain... Woody Allen. (Tiens, mais pourquoi pas ? Il est vrai que ce dernier s'est essayé à la clarinette New-Orleans...).

Bref, exactement ce qu'il fallait pour conclure le festival, par un beau samedi soir ensoleillé.

Le premier titre «Boy Boy» rebondit allègrement et préfigure semble-t-il le ton de la soirée. Mais, donnant sans attendre une idée de l'étendue de son répertoire, le groupe entonne ensuite une version superbe et grave d'un morceau traditionnel, le fameux «Saint James Infirmery», jadis immortalisé par Louis Armstrong et Sydney Bechet.

Viennent ensuite
«Bluesin' the Blue» et un «Skip me» très sautillant dans lequel le saxophoniste Jean-Michel Cabrol, qui ne déteste pas prendre des poses, se montre d'une redoutable précision dans les nuances.

Glenn Ferris cultive les influences les plus diverses : avec
«Shabbat Prayer», tiré de la comédie musicale «Un violon sur le toit», il s'engage dans un beau duel avec son saxophoniste. La joute se termine à la limite du silence, en râles et miaulements.

Et tiens, le groupe s'attaque maintenant à «Take Five», pour une version carressante, bien enrobée par Philippe Milanta à l'orgue Hammond mais aussi un peu plus rapide et coulée que l'original.

Il faut en louer également le batteur Jeff Boudreaux, sorte d'Aristochat semblant tout juste réveillé, mais dont le style sans esbrouffe est tout en fluidité.

«You are so beautiful», repris de Billy Preston et naguère chanté par Joe Cocker précède le dernier titre, au style reggae indéniable. C'est extrait du dernier disque et ça s'appelle «Exactement». Glenn continuerait bien à jouer jusqu'à 4 heures du matin, mais hélas, il faut arrêter à une heure décente. Juste le temps pour «Sud Ouest Jump» en guise de rappel.

Ce concert termine donc ce festival en cinq soirées. Les Arènes du Jazz fêtaient leur cinquième anniversaire en 2009. Nous serons bien entendu au rendez-vous de cette manifestation de haut niveau pour sa sixième édition. Car outre la programmation, le lieu n'est rien moins qu'enchanteur... A l'année prochaine !



Signal sur bruit remercie Christina Pagava-Boulez et Jean-François Foucault ainsi que les musiciens et techniciens croisés lors des balances.


Crédit photographique : Christian Izorce
Tous droits de reproduction réservés



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