mardi 15 septembre 2009

La rentrée de la MEP


Expositions jusqu’au 11 octobre


A l’étage -1, Horses de Pierre Keller, fait du corps du cheval le lieux d'abstractions organiques aux traits parfois flous et aux couleurs presque passées. Ce sont d’ailleurs surtout les arrière-trains et parties génitales qui sont montrés ici. Ce travail fait en quelque sorte écho à Géricault et aux écrivains qui se sont émus dans leur œuvre du troublant érotisme dégagé par les croupes équines. Cette sensualité passe-t-elle ici ? Au visiteur d’en décider. En ce qui me concerne, j’aurais apprécié une image plus lèchée (sans mauvais jeu de mots). Mais aux dires même de l’auteur, la technique compte peu, et si l’image est déjà usée ou abîmée avant que d’être montrée, c’est aussi bien, car consubstantiel au procédé de reproduction de la photo - et notamment du polaroïd - en grand format.


Körner Union

Quasiment dépossédés de leur contexte, les objets et formes exposés par le collectif de Lausanne sont ici d'une fulgurante abstraction. Et d'une pureté géométrique presque tranchante. Où "comment déposséder les objets les plus simples et les plus pleins de toute leur substance et utilité ?". On peut parler d’un parti pris, où le concept prend le pas sur l’image elle-même. Laissera sans doute un bon nombre de visiteurs totalement indifférents, et en enthousiasmera d’autres.


Ara GülerLost Istambul, années 50-60

Nous retrouvons avec plaisir une sélection d’images proche de celle que nous avions déjà vue au cours de l’été à Vendôme. Lire notre commentaire sur la mise en regard des travaux de Marc Riboud et d'Ara Güler.


@rt Outsiders 2009«(IN)HABITABLE ? L’art des environnements extrêmes»

Installations vidéo et photo.

Intéressant objectif que celui de vouloir montrer comment l’homme a pu rendre habitable l'inhabitable, et réciproquement. Les œuvres exposées tentent d’y répondre, de manière très conceptuelle et assez éloignée de la pure photographie. Ce qui pose au passage une autre question, à laquelle je me garderai bien d’apporter une réponse : la Maison Européenne de la Photographie ne devrait-elle montrer que de la photographie, européenne qui plus est ?

Ferdinando Scianna«La géométrie et la passion»

Les portraits de Ferdinando sont parfois étranges, toujours saisissants. Très belle série de tirages noir et blanc dont certains évoquent des rituels ou des personnages mystérieux, inquiétants mêmes, tels ces encagoulés de la semaine sainte (Sicile), ou cette vieille femme bolivienne saisie par l’objectif sous un lapin écorché. Scianna photographie ici l'humain davantage dans sa fragilité que dans sa grandeur, tels que ces troublants portraits d'enfants au regards torves, aux postures improbables ou ces terribles portraits éthiopiens.
Une facette irréductible du travail de ce photographe également à l’aise dans la mode et la publicité, et qui aime jouer avec les ombres selon une construction graphique très puissante.


Calendrier des projections, animations et conférences à découvrir sur http://www.mep-fr.org/

Expositions visibles jusqu’au 11 octobre 2009, à la Maison Européenne de la Photographie (MEP), 5/7 rue de Fourcy, 75004 PARIS


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