lundi 25 avril 2011

Goldmund et Focal au Bristol





Il faudrait être fou pour dépenser moins !



Je ne sais pas si les marques présentes ce week-end pascal à l’hôtel Bristol apprécieront ma créativité en matière de slogan publicitaire… Toujours est-il que les systèmes déployés par Jefferson Hifi Vidéo dans l’immense salon Saint-Honoré atteignaient des sommets en termes de prix.

Les électroniques et enceintes Goldmund, ainsi que les enceintes Focal de la gamme Utopia (3e du nom), font en effet partie du gotha de l’électro-acoustique domestique. D’une manière générale, leurs produits embarquent des technologies avancées, font appel à des composants originaux et triés sur le volet, et jouissent d’une finition exemplaire. Une fabrication et une finition en tous points comparables à celle d’une Jaguar ou d’une montre Jaeger-Lecoultre. Mais tout comme il n’est pas absolument indispensable de posséder l’une et l’autre pour pouvoir se déplacer et avoir l’heure, nombreux sont les mélomanes et audiophiles qui s’interrogent sur les vertus réelles de tels matériels.

Car il existe évidemment de très nombreux systèmes audio qui, sans atteindre les sommets de prix observés ici, fonctionnent déjà très correctement !  Dieu merci… Cela étant, il appartient à chacun, en fonction de ses moyens et de ses priorités personnelles, de ce qu’il ressent à l’écoute d’un système, de définir si un niveau de prix donné est parfaitement justifié ou absolument déraisonnable. Pour ma part, mon objectif dans ces colonnes est de décrire des appareils ou des systèmes remarquables, susceptibles de me donner le frisson.

Les deux configurations démontrées ce week-end par Jefferson font clairement partie de ce groupe. Elles représentent une forme d’absolu technologique et musical dont les qualités de restitution sont indéniablement superlatives et assez uniques. Ce dont je m’efforce de donner un aperçu à travers un commentaire écrit. Mais il appartient à chaque personne intéressée de se faire une opinion par elle-même si le jeu en vaut la chandelle en allant écouter ces matériels là où ils sont présentés. Et l’on acquière évidement pas de telles configurations, ni même des éléments beaucoup moins coûteux, sur la base de la lecture d’articles, quelque élogieux qu’ils puissent être.


L’enceinte Focal Stella Utopia

Petite soeur directe de la Grande Utopia, la Stella (70 000 € la paire) en possède presque tous les atouts technologiques, dans une silhouette néanmoins plus compacte mais affichant tout de même un poids de 165 kg pièce !

Elle utilise donc le fameux tweeter à dôme inversé au beryllium développé par Focal, qui bénéficie d’un volume de charge quasi-infini et dépourvu de turbulence, grâce à l’optimisation de la forme de l’aimant (un cylindre profilé). Cet aimant Neodyme développe un champ magnétique de 2,15 T. Le rendement de ce tweeter atteint 95 dB. Sa bande passante s’étend de 1 kHz à 40 kHz.

La membrane des haut-parleurs médium et grave, dite «W», est constituée d’une très fine couche de mousse prise en sandwich entre deux voiles de fibre de verre. Cette conception propre à Focal concilie les qualités antagonistes de rigidité, de légèreté maximum, amortissement interne élevé. La forme de la couronne d’aimants du médium, qui répond au doux nom de «Flower Power» est également destinée à optimiser le flux magnétique qu’elle génère.
L’un des morceaux de bravoure technologique de cette enceinte est son boomer de 33 cm de diamètre à excitation magnétique. Ici, pas d’aimant permanent comme dans l’immense majorité des haut-parleurs électrodynamiques.

Le champ magnétique constant dans lequel doit baigner la bobine mobile est crée par un électro-aimant alimenté en courant continu par un boîtier séparé. Cette approche assez rare permet elle aussi une optimisation du rendement de ce haut-parleur, mais également d’ajuster le niveau relatif de cette voie indépendamment des autres.  Il permet d’atteindre les 18 Hz à - 6 dB.

Enfin le filtrage OPC+ (pour «Optimised Phase Crossover») ne fait appel qu’à des composants audiophiles mais sélectionnés à l’écoute. Il permet le réglage fin du niveau de chaque voie ainsi que la biamplification de l’enceinte. Focal insiste sur le fait qu’il n’est pas destiné à corriger d’éventuels défauts des transducteurs, mais seulement à répartir les fréquences. On verra que malgré l’excellente qualité intrinsèque de ce filtre et des haut-parleurs de la Stella Utopia, le système d’optimisation Leonardo développé par Goldmund apporte un surcroît d’homogénéité à la réponse de l’enceinte. 


Goldmund

Difficile d’en savoir autant à propos des produits du constructeur suisse. En tous cas, principes de conception et détails de circuiterie restent jalousement gardés. On sait quand même que, mise à part son expérience de l’audio analogique et numérique, Goldmund attache une importance toute particulière à la sélection des composants, au nombre et au dimensionnement des alimentations, à l’intégrité mécanique des boîtiers. Ce qui a conduit la marque à développer une solution de mise à la masse mécanique des coffrets qui élimine les vibrations en les écoulant vers le support. A propos du lecteur Eidos 20 CD (12 000 €), on sait aussi que le concepteur a porté une attention particulière à ce qui se passe aux vitesses de rotation les plus lentes (c’est à dire en fin de lecture d’un disque, là encore où les vibrations générées par la mécanique sont les plus dommageables) et au contrôle des erreurs de lecture du bloc laser.

Un des points forts du préampli Mimesis 16 (25 000 €) est sa conception hybride analogique/numérique qui incorpore nativement le système de correction de caractéristiques d’enceintes baptisé Léonardo.
Ce système consiste en un traitement numérique du signal visant à corriger les défauts de rayonnement présentés par une enceinte donnée. Dès à présent, Goldmund développe des partenariats avec les fabricants d’enceintes Focal bien sûr, mais aussi Vivid et Sonus Faber.
Le facteur d’enceintes - qui doit accepter l’idée que son enceinte et le filtrage passif qu’elle incorpore peuvent encore être optimisés en dépit du soin qui a été apporté à leur mise au point - doit fournir un fichier détaillé correspondant à la mesure du rayonnement de l’enceinte sous de nombreux angles d’incidence et à de multiples points dans le spectre audio et au delà. Il ne s’agit d’ailleurs pas pour Goldmund de tenter d’imposer à un modèle d’enceinte des caractéristiques qu’il n’a pas. Mais plutôt de compenser, par l’entremise d’un filtrage numérique très rigoureux, les défauts de linéarité d’amplitude, de phase et de temps de propagation inévitablement introduits par le filtre passif, aussi élaboré soit-il.

On peut ainsi mettre en oeuvre un système de filtrage actif (dans le domaine numérique) remplaçant purement et simplement le filtre passif contenu dans une enceinte. Le Mimesis 16 peut le faire sur 10 voies distinctes, et gère un total de 16 voies de sorties permettant aussi la mise en oeuvre d’une configuration audio multicanal et multivoie. Chez Goldmund, l’étape d’optimisation suivante consiste à utiliser le logiciel Proteus, qui permet d’introduire les caractéristiques fines de la pièce d’écoute au nombre des paramètres à corriger pour une optimisation complète du système enceintes + salle.

Enfin, les blocs de puissance Telos 350 (21 000 € la pièce) sont une des déclinaisons de la série éponyme qui compte désormais de nombreux modèles. Dérivé du prestigieux modèle 5000, ce nouveau bloc de puissance présente à la fois une entrée analogique au niveau ligne et une entrée spdif munie d’un convertisseur numérique/analogique Alize de 6e génération.
Il peut délivrer 500 W de puissance instantannée sur 8 Ohms. La bande passante des étages d’amplification (purement analogique) s’étend de 0 à 3 MHz à +/- 3 dB, et affiche en conséquence un temps de montée inférieur à 300 ns. Selon le constructeur, la distorsion (THD) reste inférieure à 0,05 %, avec toutefois un mode de mesure plutôt favorable (charge à haute impédance, volume moyen). Si elles ne sont pas en elles-mêmes garantes de musicalité, ces valeurs sidérales (et sidérantes) sont le reflet du haut degré d’ingénierie et d’expérience développés par la marque suisse. 





Goldmund et Focal au Bristol (suite)



L’écoute

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire par le passé, les produits Goldmund parviennent en général à concilier des critères de restitution sonore pratiquement antagonistes : sensation d’enveloppement complet et de grande douceur d’une part, précision et impact d’autre part.
Associés aux enceintes Focal Stella (ici bi-amplifiées passivement), le préampli Mimesis 16 et les quatre blocs d’amplification mono Telos 350 qui l’accompagnent présentent une bande passante d’une largeur exceptionnelle. L’image stéréophonique est généreusement déployée et reste appréciable même lorsque l’auditeur s’écarte notablement du sweet spot. La consistance et la vraisemblance des sources sonores sont en tous points impressionnantes. Le système semble totalement dépourvu de distorsion, et comme toujours en pareil cas, les flux musicaux sont présentés de manière complètement posée. L’écoute à haut niveau sonore ne traduit aucune crispation et n’empêche pas de pouvoir converser avec son voisin. L’exact opposée d’une restitution agressive...

A la première écoute, tous les attribut du très grand son sont donc réunis. Mais cette première constatation effectuée, il faut rapidement écouter des voix : leur restitution est, de manière confondante, à la fois charnue et quasiment dépourvue de caractère électronique. Ceci est un test à la fois facile et décisif. D’une part, notre oreille est morphologiquement plus adaptée à l’écoute de la voix humaine qu’à quoi que ce soit d’autre, d’autre part nous passons nos journées à communiquer verbalement. Que nous en soyons conscients ou pas, nous sommes tous capables de détecter très finement le caractère naturel ou artificiel d’une voix, qu’elle soit connue ou inconnue ! 

Ajoutons pour la petite histoire que nous écoutons tout simplement un CD gravé (contenant un programme compilé par Gérard Chrétien de Focal) et non un pressage CD audiophile, un SACD ou un fichier à haute résolution… Il serait donc possible d’obtenir d’une bête copie de CD un son franchement humain ? Oui, avec le lecteur Eidos CD 20 en tout cas, ça l’est !

Mais retour à des programmes musicaux plus complexes. Sur un des concertos pour piano de Chopin, et en dépit du système de climatisation un peu bruyant qui équipe l’immense salon, les fins de notes sont bien là et confèrent à l’extrait écouté un legato magnifique et une rare souplesse. De manière évidente, nous sommes ici aux antipodes d’une restitution exacerbée et tonitruante, qui peut par exemple être le fait de systèmes à très haut rendement. Ces derniers ont d’ailleurs leurs qualités, et leurs adeptes. Ici, rien à voir. Mais il est possible que cette manière d’infinie délicatesse ne soit pas du goût de tout le monde, tant il est vrai que même la musique vivante peut présenter des aspérités, des marques d’agressivité - qui n’ont absolument pas cours ici. 

Et nous retombons là sur un des questionnements fondamentaux de l’enregistrement et de la reproduction du son. Dans la réalisation d’une prise de son, dans la mise au point d’un appareil ou d’une configuration, faut-il toujours viser la plus grande transparence possible au risque de crisper, ou plutôt privilégier le confort d’écoute notamment sur le long terme ? Si elle est appliquée de manière jusqu’auboutiste, et bien qu’elle soit systématiquement revendiquée par les constructeurs de matériel, l’option de transparence absolue risque fort de n’emporter les suffrages que dans le cadre d’écoutes à relativement court terme. Et encore ! Il n’est pas certain que nous soyons capables de tolérer d’un système audio domestique ce que nous acceptons, souvent sans nous en rendre compte, lorsque nous sommes au concert, qu’il soit acoustique ou amplifié, qu’il s’agisse de musique de chambre ou de heavy metal. D’un autre côté, privilégier à tout prix le confort d’écoute en gommant toute aspérité du message musical conduira immanquablement à une restitution lénifiante.

On pourrait dire que les sources, préamplis et amplis Goldmund parviennent à un savant équilibre entre ces deux approches contradictoires, mais avec tout de même une nette tendance à préserver le plaisir d’écoute, heure après heure, jour après jour… et probablement année après année. Pour employer une autre comparaison avec l’automobile (elles sont courantes en haute-fidélité), un tel système est probablement plus proche du caractère puissant et feutré présenté par une Bentley que de la fulgurante nervosité typique d’une Ferrari. J’écris d’ailleurs probablement, car j’avoue n’être jamais monté ni dans l’une ni dans l’autre voiture ! Mais je pense que l’image est assez explicite… Toujours est-il que l’on ressent à l’écoute de ce système une impression de totale aisance, d’aération extrême tout à fait déconcertante. Le combo Goldmund établit donc une forme de quadrature du cercle en conciliant aspect spectaculaire et absence d’esbrouffe, contrôle exemplaire des membranes et liberté d’expression peu commune.

Leonardo en action

Une partie du bénéfice en revient au système Leonardo de correction des voies d’enceintes. Sur plusieurs morceaux, nous essayons l’écoute sans correction puis avec. Tout d’abord sur la superbe reprise de «Yesterday» due à la regrettée Shirley Horn. Certes, la première version sans correction est déjà d’une très haut niveau de musicalité. On est même dubitatif quant au fait de pouvoir obtenir sensiblement mieux de ce même système.

Le gain apporté par le système de correction se fait d’abord ressentir sur le critère de la précision : meilleure localisation et ponctualité de la chanteuse, attaques du piano plus précises. La consistance du message est encore améliorée, le piano a plus de corps et justesse. Mais de manière sans doute plus surprenante, le chant est transcrit de manière sensiblement plus expressive avec des inflexions mieux marquées. Le moindre chuchotement de la chanteuse devient facilement perceptible...

Même effet sur «Mistral gagnant» de Renaud, un titre très apprécié de Jefferson Torno, physiquement aux commandes de ce système sans télécommande (je plaisante, mais il faut bien changer le CD de temps à autre !).
Le titre «Alleluïa» version Jeff Buckley bénéficie quant à lui, avec l’aide du Leonardo, d’un son de guitare bien plein, et d’une transparence sur la voix qui révèle aussi les limites de cette prise de son. Mais le morceau est restitué avec une très rare humanité et un magnifique sentiment de présence.
C’est ensuite un monumental et quasi analogique «Take Five» qui lui succède, comme au bon vieux temps des démonstrations hifi lorsque le CD n’existait pas encore, Leonardo toujours actif. Bien que le système Proteus de correction de salle ne soit pas activé, l’ampleur du message, sa ductilité, la franchise et le naturel des attaques restent intacts même en des positions d’écoute très éloignées du système, ou très décentrées par rapport à l’axe des enceintes. Tout comme si de véritables musiciens étaient présents dans la salle ! Or on ressent d’ordinaire une perte de consistance et de crédibilité du message dès que l’on éloigne de plus de quelques mètres d’une paire d’enceintes. Il semble donc bien que le recalage notamment temporel des informations effectué par le dispositif Leonardo soit efficace.


L’ensemble Metis


Face à ce système presque gigantesque, on pouvait écouter la mini-chaîne Metis… Mini par la taille, certes, pas forcément par le prix ! Toujours est-il que l’on peut parler de prouesse car ampleur subjective et musicalité transcendent sensiblement l’encombrement très réduit des différents éléments qui la compose : lecteur Metis Player (7000 €) en alternance avec un mini-ordinateur utilisé en source numérique, préampli numérique Metis 10 (8000 €) et enceintes compactes Metis Speaker à deux voies (11 000 € la paire) placées sur des pieds Music Tools (900 €) parfaitement assortis. Câblage Absolue Créations Digiteam (250 €).

On retrouve ici la patte de velours typique de la marque, combinée à une très belle image sonore, pourvu cette fois que l’on ne quitte pas le sweet spot central. L’ensemble est également capable d’un sens du swing étonnant qui en ferait presque oublier le manque de fondation dans l’extrême grave. Le fait que les Metis Speaker soient des enceintes numériques actives, c’est à dire munies d’un étage de décodage spdif suivi d’un filtrage numérique, d’une conversion numérique/analogique et de deux modules d’amplification Telos 150 alimentant chacun un haut-parleur n’est pas pour rien dans le prix élevé de ces petits bijoux.

J’avoue cependant être moins convaincu par cette approche, technologiquement très pointue, mais d’un coût assez prohibitif. Car on pourra trouver sans trop d’efforts de très beaux mini-systèmes capables de de dispenser un plaisir d’écoute au moins égal pour un prix bien moindre. Cela étant, les inconditionnels de la marque y retrouveront l’esthétique sonore, visuelle et l’incomparable finition typiques de Goldmund.










lundi 18 avril 2011

Pina, de Wim Wenders







Alors que l’on commence à lire ici et là des commentaires ou analyses – pas tous dénués de fondement – qui remettent en cause la 3D au cinéma, notre très beau mois d’avril s’est ouvert avec l’arrivée en salles de «Pina», film en relief réalisé par Wim Wenders.

A travers quatre longs extraits de chorégraphies, des témoignages sobres des danseurs et de quelques images d’archives (planes et le plus souvent en noir et blanc, mais astucieusement insérées dans la scénographie tridimensionnelle), le film s’emploie à rendre hommage à la chorégraphe allemande Pina Bauschdisparue en juin 2009, et qui aura été à la tête du Tanztheater Wuppertal pendant plus de trente ans. 
Mais aussi à offrir une perspective tout à fait inédite sur quelques œuvres choisies, exécutées sur une scène ou en décors «naturels» (sous-bois, métro suspendu et rues de Wuppertal, sites industriels ou édifices ultramodernes).


La réalisation 3D, elle-même magistralement chorégraphiée, alterne points de vue distanciés mais profonds et angles singulièrement immersifs, qui donnent à ressentir les chorégraphies comme jamais spectateur n’a pu les appréhender.
Et c’est aussi une des forces de ce film captivant que de communiquer l’envie de danser tant il s’approche au plus près des danseurs, de leurs expressions, de leurs motivations. Il consacre aussi vingt ans d’amitié et d’admiration réciproques entre la chorégraphe et le réalisateur. Enchaîné comme une variation sur le thème des saisons, il s’ouvre sur de larges extraits d’un magnifique et poignant Sacre du printemps.

Même si les confidences des danseurs, qui un à un se racontent brièvement, restent parfois anecdotiques et presque systématiquement admiratives, on retiendra de leurs propos trois traits majeurs de leur relation à Pina : la quasi-fusion des identités des danseurs et de leur chorégraphe, l’injonction qui leur était faite de dépasser sans cesse leurs limites, la possibilité qui leur était donnée de le faire en toute liberté, en allant puiser au fond d’eux-mêmes. 

Dans le début du film, Pina Bausch dit en substance que la danse définit un langage au delà des mots. Certes, cet aphorisme pourrait être soutenu par tout chorégraphe, sculpteur, photographe ou peintre. Mais il s’applique rarement mieux qu’aux œuvres expressives et radicales du Tanztheater de Wuppertal, tellement chargées de sens.



Nous tenons donc «Pina» pour un film essentiel, qui s’adresse à chacun d’entre nous – amateur de danse contemporaine ou non. 

Un film qui ne dit presque rien mais qui raconte tout. Tout de la fragilité de l'être. Des identités bafouées, de la solitude, mais aussi de la puissance des rêves qui met les corps en mouvement. Un film qui montre comme jamais une œuvre puissante, dramatique, parfois traversée d’un humour acide et désespéré. Qui révèle l’absurdité du poids des conventions, dénonce à grands gestes pas forcément silencieux la dépersonnalisation de l’individu face aux codes imposés par la société.

Un film également nourri par une bande son forte et variée, qui fait résonner Stravinsky, Mahler et Purcell aux côtés de Caetano Veloso et des créations électro-planantes du guitariste allemand Thomas Hanreich ou de Jun Miyake.



Malheureusement, ce film n’est projeté en France que dans un nombre très limité de salles, dans des cinémas «indépendants» et dans le réseau Mk2. Un dossier de presse très complet (mais qui ne mentionne pas les détails de la bande son) peut être consulté sur le site des Films du Losange.




Voir la bande annonce (en 2D !)


Pina
Un film de Wim Wenders pour Pina Bausch
Durée : 1 h 43
Production : Neue Road Movies


Crédits photographiques : Donata Wenders


lundi 4 avril 2011

Rencontres annuelles Goldmund



Rencontres au sommet de l’audio


Jefferson Audio-Vidéo convie les amateurs de beaux matériels à l’Hôtel Bristol (Paris VIIIe), les 23 et 24 avril prochains. A l’écoute, de nouveaux produits Goldmund bien sûr, mais aussi des enceintes de marque Focal et Raidho. 

De très beaux moments musicaux et quelques annonces importantes sont attendus du constructeur suisse, qui revend désormais sa technologie de correction acoustique Leonardo à quelques unes des meilleures marques d’enceintes du marché mondial...

Même s’il s’agit de produits très haut de gamme qui ne sont pas forcément à la portée de toutes les bourses, on appréciera de retrouver réunis quelques uns de joyaux de l’audio-vidéo domestiques et de se laisser aller au plaisir de l’écoute.

Tout comme on aime admirer, à défaut de pouvoir se les offrir, les très belles voitures ou superbes montres que l’on peut d’ailleurs assez facilement dénicher dans ce même quartier !

C’est donc une incursion dans les territoires du luxe absolu que nous offrent Goldmund et son dynamique distributeur français. Un événement à ne pas rater...







vendredi 1 avril 2011

Fidelio HD Master cards

Un nouveau support matériel pour les enregistrements musicaux !





Fidelio est un label canadien consacré à la musique acoustique, dans les registres classique, jazz ou d’inspiration World. Nous avions déjà eu l’occasion de chroniquer quelques beaux enregistrements de ce label, dont le fondateur René Laflamme est à la fois ingénieur du son, mélomane et audiophile. Les conditions d’enregistrement et les matériels sont scrupuleusement choisis par les équipes de Fidelio (et sont en général détaillés sur les pochettes des albums). La philosophie de cet éditeur tend vers un certain minimalisme : utilisation d’un minimum de micros, d’enregistreurs numériques au dessus de tout soupçon (DCS, Nagra), post-production réduite à l’essentiel. Pour aller jusqu’au bout du purisme, Fidelio a décidé il y a quelques années de fabriquer ses propres micros.


A l’occasion du salon Son & Image de Montréal, Fidelio introduit un nouveau support pour les enregistrements HD. Il s’agit de cartes USB Master Flash de 4 GO, contenant un master 24bit/96kHz ou 24bit/176kHz, en format de fichier original sans altération (c’est à dire sans up ou downsampling). Elles contiennent aussi la couverture de l’album en format Jpeg, le livret, ainsi qu’un fichier XML comportant les noms des morceaux, un code ISRC et un catalogue Fidelio en PDF. Elles sont numérotées et individuellement signées, et se présentent dans un habit d’aluminium brossé de 2 mm d’épaisseur au format carte de crédit.



Fidelio insiste sur le fait qu’en utilisant ce support, on ne trouve plus aucun élément mobile sur tout le trajet suivi par le signal, depuis sa captation jusqu’à sa lecture, grâce notamment à l’utilisation d’enregistreurs munis de disques durs SSD (Solid State Drive) désormais dépourvus de parties mécaniques. René Laflamme met en avant la supériorité du support HD matériel lu en direct par rapport au téléchargement de musique via internet, qui est forcément stocké quelque part sur un disque dur. 

Signal sur bruit a pu s’entretenir avec le directeur de Fidelio à l’occasion de la mise sur le marché de ces supports inédits…

Signal sur bruit : Bonjour René… Votre label Fidelio a développé ses propres micros il y a quelques années. Quelle en est la raison ? Devant le choix offert sur le marché, ne pouviez-vous pas trouver des modèles correspondant à toutes vos attentes ?

René Laflamme : Bonjour Christian. Vous savez, nous considérons nos micros comme uniques… Ils comportent entre autres choses un circuit à tube sans transformateur de sortie. Ils sont alimentés en 125 V grâce à des packs de batteries, et nous obtenons avec nos micros un des son les plus énergiques qui soit. Mais nous utilisons également des modèles de chez Schoeps, des Neumann U-67, ou encore des B&K (DPA), pour pouvoir couvrir toutes les situations.

SSB : Quelles sont les caractéristiques principales de ces micros constituant selon vous un avantage majeur ?

RL : Tout simplement leur formidable présence, que je ne retouve pas avec les autres microphones.

SSB : Par qui sont fabriqués ces micros ?

RL : Ils sont entièrement fabriqués à la main chez Fidelio.

SSB : Revenons à la récente sortie de vos cartes HD Master Flash. Pourquoi privilégiez-vous cette formule au téléchargement de musique via internet ?

RL : Nous proposons six albums en téléchagement sur notre site et jusqu’à présent, nous vendions aussi quelques SACD et une douzaine d’enregistrements en format HD contenus sur DVD-Data. Mais aucun de ces formats ne me donnait le son original du fichier lu en direct avec mon éditeur Pyramix. Les nouvelles fonctionnalités de la version 7 de Pyramix (Digital Pubishing), combinées avec le fait de copier directement le master enregistré sur disque SSD sur une carte USB Master Flash, permettent de délivrer des aigus plus purs et une meilleure image stéréophonique que le DVD ou le téléchargement…



SSB : S'il on dispose d'un décodeur N/A ou d’un préampli numérique avec entrée USB, la carte est-elle reconnue directement ?

RL : La carte est compatible avec MAC ou PC en Wave, et avec tous les serveurs. Tous les logiciels du marché peuvent lire la carte. Celle-ci est reconnue par les ordinateurs ou les convertisseurs munis d’une entrée USB en tant que Flash Disk, en trois secondes après le branchement. Toutes les plages sont déjà là avec la pochette et le livret en PDF, en plus d'un catalogue Fidelio. En ce moment, au salon Son & Image, nous démontrons nos premières HD Master Flash et la réaction du public est très favorable ! Nous utilisons un serveur Naim Audio HDX, un up-sampler DCS (le 96kHz/24bit est suréchantillonné en DSD) pour être ensuite converti par le DAC DCS Scarlatti. Les sources sont suivies du préamplificateur Ref 5 et des amplis Ref 210 d’Audio Research, qui alimentent des enceintes Sonus Faber Stradivari… Toutes les personnes qui s’arrêtent sur le stand constatent la différence de qualité entre les cartes Master Flash et le disque dur. Le son affiche une pureté et une douceur sans comparaison avec n’importe quel autre format.

SSB : Quel est le prix de vente des enregistrements proposés sous cette forme ? 

RL : Selon les distributeurs, il est d’environ $45 US (de l’ordre de 30 € au cours actuel du Dollar n.d.l.r).

SSB : Pourra-t-on les commander sur le site, notamment depuis l'étranger, ou ne seront-elles disponibles que via un réseau de revendeurs ?

RL : On trouve déjà dix albums disponibles, que l’on peut acheter sur le site Fideliomusique.commême depuis l’étranger avec un paiement par carte Visa ou Mastercard.

SSB : Merci René et longue vie au label Fidelio !

RL : Merci et toutes mes amitiés aux mélomanes français, qui sont les bienvenus à Montréal !