jeudi 3 janvier 2008

Ampli intégré HEGEL H200


Origine : Norvège – Prix : 3400 € - Distribué en France
par Accentuel Audio




L’intégré Hegel H200 se présente comme un beau parallélépipède de finition noire ou gris satiné (dite pearl silver), dont seule la face avant présente l’originalité d’être légèrement galbée. Cette dernière affiche un gros poussoir de mise sous tension et un afficheur luminescent bleu placés en position centrale, complétés de part et d’autre par un sélecteur de sources et un réglage de volume. L’ergonomie en est bien pensée puisque la commutation de sources s’accompagne du retour progressif au niveau sonore automatiquement mémorisé lors des dernières utilisations. Par ailleurs, cet ampli intégré ne propose pas de réglage de balance, et ne présente que quatre entrées haut niveau : trois sur fiches RCA plus une entrée symétrique sur prises XLR. En revanche, le mode Home Theater et sa paire d’entrées dédiées permettra de n’utiliser que la partie ampli de puissance de cet appareil.

A l’intérieur, rien que du bon ! La conception dual-mono saute aux yeux, sauf pour le transformateur maison, unique composant mutualisé (à l’exception de la carte qui supporte les relais d’entrée et de celle qui commande l’affichage). Unique, mais très bien dimensionné ! 14 cm de diamètre, 7 cm d’épaisseur, 800 VA de puissance ! Tout est rationnellement et symétriquement organisé autour de ce majestueux composant. A savoir, pour chaque canal : une large carte d’alimentation, une carte de préamplification, et une carte d’amplification de puissance. Le câblage interne est réalisé avec soin, même si la coexistence de cartes mutualisées et de cartes dédiées gauche/droite oblige à faire courir entre celles-ci quelques longueurs de câble. En fait, l’intégré H200 se présente comme une version compacte du système séparé composé du préampli P2A Mk2 et de l’ampli de puissance H2A Mk2. Si la partie préampli du H200 est quelque peu simplifiée par rapport au P2A, les cartes de puissance sont en revanche identiques à celle du H2A, et embarquent la technologie Sound Engine brevetée par le concepteur de la marque. Très sommairement, il s’agit d’un principe d’amplification sans contre-réaction globale, permettant, selon le constructeur, de ne garder que les avantages respectifs des classes A et AB, et de se débarrasser de leurs inconvénients. La quadrature du cercle ? Toujours est-il que, nous le verrons plus bas, tout caractère électronique est absent de la reproduction dispensée par le H200.

Chaque carte d’alimentation s’enorgueillit de la présence de quatre condensateurs de 10 000 µF sous 80 V (d’origine Rubycon), complétés par deux unités de 1000 µF sous 100V. Côté préamplification, le signal ne rencontre que des composant discrets standards (non CMS), implantés sur un circuit imprimé en apparence monocouche. Du traditionnel, mais faisant appel à des composants en général surdimensionnés (cf les résistances verre/métal). Les transistors de sortie des cartes d’amplification viennent prendre appui sur les radiateurs latéraux. On en dénombre deux paires (modèles bipolaires 2SA1943) par canal.

Signalons également la jolie télécommande tout aluminium accompagnant cet appareil. Ses tous petits boutons la réservent cependant à des utilisateurs aux doigts délicats !


Ecoute

La restitution proposée par l’intégré Hegel est de prime abord ample, délicate et reposée. Ample, car sur un bon enregistrement studio (The Blue Nile, High), la scène sonore est magnifiquement étendue et précise. Elle situe avec un très bon détourage tous les événements sonores au sein d’un espace assez large, aux plans sonores très bien différenciés en profondeur. Du point de vue fréquentiel, le message affiche également une largeur de bande très satisfaisante. Le grave, en particulier, est excellemment maîtrisé tout en restant expressif et profond. Avec nos Totem Staff, dont le haut-grave peut à l’occasion paraître un peu trop généreux si elles ne sont pas assez bien contrôlées, le message affiche dans ce registre une bonne densité sans aucun effet pneumatique, pour ne pas dire une tension constante du meilleur effet. Le passage à des enceintes plus ambitieuses (les Vienna Acoustic Mozart Grand), démontrent un niveau et une qualité des registres grave et extrême-grave tout à fait impressionnants. Cette électronique en apparence toute sage a donc des tripes ! Mais elle affiche quel que soit le niveau sonore une absence quasi-totale de projection, ce qui n’est pas pour rien dans l’agrément d’écoute. La voix de Paul Buchanan est ainsi bien présente, agréablement timbrée et détaillée, mais jamais agressive. Tout juste pourra-t-on déceler une petite coquetterie parfaitement supportable dans le haut médium, une petite brillance mettant en exergue les micro-informations situées dans cette gamme du spectre.

L’écoute du Buenos Aires Madrigal confirme à la fois la richesse et la justesse des timbres délivrés par cette électronique, tout autant que son caractère musical et chantant. L’effet de corps est bien réparti sur tout le spectre, sans manifester d’exagération à caractère chirurgical. L’ambiance de salle est présente, et, de nouveau, l’espace sonore se déploie avec beaucoup d’aisance. L’articulation est évidente sur l’ensemble de la palette instrumentale, y compris dans le grave, qui parvient à afficher tout à la fois beaucoup de légèreté et un effet de présence très réaliste.

L’orchestre Stravinskien se déploie lui aussi avec beaucoup d’ampleur, tant spatiale que fréquentielle. Le Hegel H200 fait finalement preuve d’un pouvoir d’analyse assez poussé, mais savamment dosé de manière à conserver en toutes circonstances une excellente musicalité. Avec les Vienna Acoustic, très transparentes, l’orchestre acquière une profondeur tout à fait exceptionnelle. Mais ce qui ravit l’oreille, c’est la constante délicatesse prodiguée par cet intégré. La version de l’Oiseau de Feu est ici totalement sereine, mais présente un chromatisme et une fraîcheur tonale exemplaires. Sereine, au moins jusqu’à l’éclatement de la Danse Infernale, où l’Hegel donne la preuve indubitable de sa maîtrise de l’extrême grave et de sa capacité dynamique. Même sous un volume sonore important, l’image stéréophonique reste ample et précise en ne présentant pas de crispation majeure.

Conclusion

A défaut d’être ostensiblement tonique ou fulgurante, la restitution proposée par l’intégré Hegel H200 est élégante et racée. Voici en effet une électronique au son fluide et de grande classe, avec laquelle le plaisir de l’écoute est permanent. Excusez cet excès de lyrisme, mais cette électronique semble pure et transparente comme l’eau d’un fjord éclairé par un clair soleil d’été. Les timbres bénéficient en effet d’une constante lumière, très bien dosée, et dont toute tonitruance est exclue. Il faut entendre les cordes vrombir et les cuivres scintiller, avec une justesse tonale exemplaire. La précision est bien répartie sur tout le spectre audio et reste égale quelque soit le niveau : l’écoute à bas niveau avec des enceintes bien équilibrées est très agréable, pour ne pas dire savoureuse. Cette électronique sans stress fait partie de celles avec lesquelles les morceaux durent, sans pour autant que l’on s’ennuie une seule seconde à leur écoute. Un produit pour mélomanes, qui mérite amplement une sincère recommandation.

Spécifications constructeur

- Puissance : 2 x 200 Watts sur 8 Ohms, 2 x 350 Watts sur 4 Ohms
- Réponse en Fréquence : 20 à 20 kHz +/- 0,2 dB
- Réponse en Phase : inférieure à 2 ° de 20 à 20 kHz
- Rapport signal sur bruit : supérieur à 100 dB au niveau maximal
- Diaphonie : supérieure à 100 dB
- Distorsion à 1 kHz et 100W : inférieure à 0,006 %
- Distorsion d’Intermodulation (19 et 20 kHz) : inférieure à 0,01 %
- Facteur d’amortissement : supérieur à 1000
- Dimensions (L x H x P) : 430 x 130 x 380 mm
- Poids : 25 kg

Configuration d'écoute

- Sources : lecteur CD STELLO CDA 320
- Enceintes : TOTEM Staff et VIENNA ACOUSTICS Mozart Grand
- Câblage : MPC Evidence (modulation) et MPC Abyss (enceintes)