dimanche 5 juillet 2009

Dimanche 5 juillet - Enghien Jazz Festival - Grande salle du casino - 1re partie


Le Journal du In


Laïka

Il y a des rencontres qui marquent. Des entrées en scènes qui annoncent un moment fort. Des premières vocalises qui étourdissent l'auditeur…
Choisissant la figure de Billie Holliday comme fil conducteur de son set (et de son récent deuxième album, Misery), Laïka impose immédiatement sa présence grâce à une voix parfaitement posée, et qui possède la substance et l’épaisseur de celles des grandes chanteuses - qu’elle se plaît à célébrer. Elle fait aussi, avec «Throw It Away», la reprise d'une chanson immortalisée par une autre grande dame : Abbey Lincoln.

Tout, dans sa gestuelle, dans les expressions lisibles sur son visage, dans ses inflexions vocales, montre qu’elle est totalement impliquée dans son art, qu’elle s’approprie parfaitement et avec ferveur ces répertoires aux thèmes simples mais indémodables. L’émotion que montre Laika est palpable. Sa voix empreinte de gravité fait un beau contraste avec les tessitures plus légères - voire un peu acidulées - que l’on rencontre très souvent ces dernières années dans le jazz vocal féminin.

Les reprises s'enchaînent : «Lady's back in town», «I must have that man»,«You turned the tables on me», «Lover, come back to me», qu'elle rebaptise pour la circonstance «Mother, come back to me».
Avec ce titre, nous tenons une très belle version habitée, tendue, appuyée sur une ligne de contrebasse dramatique et un patient travail de tissage tout en demi-teintes du batteur.


Pour Laika, il ne s’agit donc pas d’imiter mais bien de donner à chaque morceau une nouvelle vraie interprétation.




On ne sait finalement si Laika a tout simplement le sens de la théâtralité (il est vrai qu’elle est comédiennne également) ou si le ton un peu grave de ses interventions entre morceaux est plutôt dû à… une certaine timidité ? Toujours est-il qu’il n’y a aucune approximation dans sa prestation, impeccable du début à la fin.



Mais ce trop court set se termine déjà. Roy Hargrove rejoint Laika pour le dernier morceau.
Oui, Laika est déjà une dame du jazz, et cela n’échappe pas aux artistes de réputation mondiale. Il est juste dommage qu’elle ne soit pas plus connue encore !

Si on peut faire quelque chose…


Crédits photographiques pour l'article :

Francis Barrier (couleur) et Christian Izorce (noir & blanc)
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