mercredi 21 juillet 2010

Arènes du Jazz 2010 - 1



Le Quintet Contact aux Arènes du Jazz




La sixième édition du festival des Arènes de Montmartre accueillait hier en ouverture le quintet Contact, qui réunit quelques unes des plus grandes pointures du jazz américain, menées par le saxophoniste David Liebman. On y retrouvait John Abercrombie, Billy Hart, Marc Copland, et pour la circonstance, le jeune contrebassiste Doug Weiss qui remplaçait au pied levé Drew Gress, le titulaire du poste.

Une manière assez magistrale de commencer cette sixième édition, avec un jazz à la fois planant, hypnotique, et savamment rythmé, pour ne pas dire martelé par un Billy Hart tout en puissance. Un Billy Hart qui, même s'il est arrivé à la répétition avec tout le groupe, dû tout d'abord s'attaquer au montage de sa batterie, alors que ses partenaires s'entraînaient déjà.



Il fallut donc qu'il se mette à la frappe alors que les cymbales n’étaient pas encore installées… et que les micros d’overhead n’étaient pas encore positionnés.




John Abercrombie, lui, était déjà concentré au maximum sur sa partition…


Ah bon, le jazz ne serait-il plus une musique d'improvisateurs ? Si bien sûr, et ces cinq là sauront bien nous le démontrer dans la soirée ! Mais quand même, à ce niveau d'élaboration musicale, le papier à musique est d'une certaine utilité.

Ah, mais ce qui n’allait pas bien sur le devant de la scène, c’était le niveau des retours. Trop élevé !













Car John n'a pas besoin d'y entendre David, qui joue juste à sa droite, et qui, même en répétition, en met déjà un sacré coup !




Et par voie de conséquence, c’est vrai que l’on n'entendait presque pas Doug Weiss, qui se tenait discrètement à l'arrière de la scène.  


Mais s'il n'est pas le plus extraverti du groupe, il assurait en toute circonstance la ligne de basse sans aucune hésitation et avec une régularité métronomique…




Enfin, c’est Marc Copland qui se révélait être le garant de la cohérence harmonique du groupe. Pendant la balance, les musiciens se référaient souvent à lui à la fin d'un phrasé et il annotait la partition à chaque fois que c’était nécessaire.


Preuve qu’au gré du temps et des humeurs, des morceaux même maîtrisés requièrent toujours quelques ajustements de dernière minute. Car en fonction du «mood», on préfère écourter un phrasé ou changer la tonalité d’une reprise. Toujours est-il qu’à l'issue de la répétition, peu avant 19 h, il règne déjà une belle complicité entre les membres du groupe !






° ° °


21 h 15. C'est parti !

Il ne faut pas longtemps à Marc Copland pour entrer hypnotiquement dans la musique, dès le premier morceau, «Retractable cell», une composition de John Abercrombie. Qui confiera un peu plus tard au public ne même pas savoir ce qui signifie ce titre ! 

Il en va d'ailleurs de même pour «Moonchild smile», une création du pianiste. Abercrombie présente les musiciens, mais il cite aussi Miles Davis, Phil Joe Jones et Bill Evans, les «héros»  sans lesquels «rien ne serait possible»

Suivront une longue version de «You & the night & the music», «Lost horizon» de David Liebman et «Like it never was», extrait du dernier album du quintet Contact.

Maintes occasions pour David Liebman de démontrer sa virtuosité et sa furie, puisqu'il se jette littéralement dans chaque morceau comme si sa vie en dépendait.






Et voila une première soirée haute en couleurs, qui s'achève après environ 1 h 20 d'un set dense et très enlevé, ponctué par un unique rappel. Le public en voudrait plus, et les musiciens ont senti qu'ils étaient ici en terrain conquis, presque comme chez eux. Mais non !


La suite sera... Pour mercredi soir, avec Martial Solal.