mercredi 23 novembre 2011

La Semaine du Son - Edition 2012



L'annonce officielle de la 9e édition de la Semaine du Son a eu lieu hier matin à l’Ircam, partenaire de la toute première heure.

L'occasion d'avoir un premier échange avec Jacques Attali, parrain du millésime 2012, un personnage de la sphère politique et médiatique dont on sait moins qu'il est l'auteur d'un essai de référence sur la chose sonore (Bruit, au PUF, première parution en 1977), et qu'il est aussi chef d'orchestre amateur.


De gauche à droite, Christian Hugonnet, Président de la Semaine du Son, 
Jacques Attali, parrain de l'édition 2012, et Frank Madlener, directeur de L'Ircam. 

L’intervention de Jacques Attali reprenait les idées fortes de son essai, et donnait (peut-être) un avant-goût des thèmes qu’il abordera lors de sa conférence introductive de la Semaine du Son, le 16 janvier prochain.

Face à l’auditoire composé de partenaires, sponsors et journalistes, il parle beaucoup de la musique en tant que métaphore de la société et insiste à dessein sur l'équilibre entre violence et liberté qu'elle suggère. La musique est aussi selon lui l'un des tout premiers révélateurs d'une culture et de ses aspirations. C’est par elle par exemple que nous avons fait la découverte culturelle de l’Afrique... Tout le corps social se trouve dans la musique, dans la manière dont elle est écoutée, pratiquée, communiquée, diffusée. Démographie et musique sont les deux facteurs clés pour comprendre un peuple, et pour analyser comment liberté et pouvoir y cohabitent.

La musique s’est toujours située à l'avant-garde : utilisation des techniques nouvelles, émergence de comportements, développement des réseaux communautaires. Ce qui met d’ailleurs les dictateurs de certains pays bien mal à l’aise. L’expression musicale reste le mystère de la transmutation du bruit en œuvre d'art. Toute chose peut être violence, ou se sublimer dans une forme artistique. Il faut donc s'émerveiller du bruit de la vie avant même qu’il se transforme en musique. Mais il faut aussi se méfier du bruit de la rumeur. Si, selon Murray Schaeffer, un des précédents parrains de cette manifestation, «les sons se suicident dès qu'ils sont émis», Attali préfère souligner que la musique est à la fois mémoire et préfiguration de la civilisation.

Actualité oblige, il dresse aussi un étonnant parallèle entre la musique et le monde de la finance !

Toutes deux sont des matières où l’abstraction est maîtresse. La musique est bien entendu l’art abstrait par excellence. Mais la finance effectue aussi la virtualisation de l’échange. Lorsque l’échange de monnaie ou de titres remplace le troc, il devient théoriquement silencieux (plus de phase de négociation), donc pacificié.
La musique, selon Attali, constitue une forme de canalisation de la violence. Elle donne un sens à cette violence, et historiquement, la relie très fortement à l’activité religieuse des hommes. En adoucissant les mœurs de ce dernier.
Très tôt, la propagation et l’exécution de la musique dans la sphère publique annonçaient la globalisation, la mondialisation des échanges que l’on observe aujourd’hui sur la planète finance.
Et d’une manière comparable, les deux disciplines sont gouvernées par les nombres et des principes. Des règles qui sont régulièrement transgressées aussi bien dans l’une ou l’autre discipline.

Quand au silence, il se rattache métaphoriquement à l'écoute de soi. «Aime-toi toi-même pour pouvoir aimer les autres» se transpose aisément en «Écoute-toi (ton silence), avant d'écouter les autres ». Une réflexion qui émerge aujourd'hui dans nos sociétés. Car si nous sommes encore souvent dans le faire ou l’avoir plutôt que dans l’être, nous accordons une valeur extrême au temps passé ensemble. Attali reste donc optimiste : contrairement à certaines apparences, la société ne se replie pas sur elle-même, et elle favorise l’expression (musicale) de l’individu et du groupe.

On attend donc avec impatience les ultimes développements de cette foisonnante pensée prospective pour janvier prochain.

Entre autres objectifs annoncés de la Semaine du Son 2012 il s’agira, selon Christian Hugonnet, de «faire connaître le Décibel aussi bien que le degré Celsius au grand public». Mais le programme ne se résume pas à cela !

Et outre la Belgique, la Suisse et le Québec, 2012 verra la participation de trois pays d’Amérique centrale et latine : le Mexique, la Colombie et l’Argentine.


Associez-vous à la Semaine du Son en devenant membre de l’association, ou même sponsor ! Le contact :

La Semaine du Son
52, rue René Boulanger 75010 PARIS 
Tel. 01 42 78 10 15 – Fax 01 48 03 43 13

Association loi 1901 : numéro d’ordre 98/4290 
SIRET 452 577 067 00013 – APE : 9499Z