dimanche 20 novembre 2011

SATIS - Novembre 2011




Le salon des pros

Loin de vouloir faire un compte rendu complet de cette manifestation annuelle, il nous paraît néanmoins utile d’en décrire certains aspects. Dire que ce SATIS fut l’occasion d’annonces extraordinaires serait sans doute exagéré. Néanmoins, l'édition 2011 regroupait une fois de plus un nombre assez représentatif d’acteurs majeurs de l’audio, de la vidéo professionnels et de l’industrie du cinéma, et permettait a minima de dégager les tendances technologiques du moment.

Le SATIS est donc un salon, grand mais pas immense, visité par plus de 15 000 personnes, et qui s’est tenu pour la première fois cette année à la Halle Frayssinet dans le 13e arrondissement de Paris. C’est donc tout d’abord l’occasion de déambuler dans les allées animées (et un peu bruyantes) à l’affût des nouveautés des constructeurs ou des démonstrations spectaculaires de certains exposants. 

Comme cet écran géant plasma Panasonic TH152UX1 (152 pouces soit 3,9 m de diagonale) de très haute définition, qui accueille le public dès l’entrée de la halle. Il affiche une résolution de 3840 pixels x 2160 lignes soit près de 8,3 Mégapixel - à comparer avec nos 1920 x 1080 lignes du moment (à peine plus que 2 Mégapixel). Ces chiffres sont également à mettre en perspective avec la définition actuelle de l’image la plus poussée pour les caméras numériques cinéma : elle est dite «4K» et affiche 4096 point x 2160 lignes, soit près de 8,9 Mégapixel. Pour l’instant, l’image cinéma reste donc très en avance sur le standard TVHD européen… On respire, mais l’ultra HD dans nos salons est presque pour demain !




L'Audio

Côté audio, on retrouve évidemment les grands du domaine, tels que Studer, Neve, SSL, Yamaha (stands en propre ou à travers leurs distributeurs).
















Chez Nagra par exemple, on pouvait voir et toucher le Nagra VI 60anniversaire équipé de sa belle façade alu, et le petit préampli-micro EMP à 2 canaux qui permet de compléter discrètement les 4 entrées micro du Nagra VI, ou d’enregistrer de manière autonome à la définition maxi de 48 kHz/16 bits (à gauche). On pouvait aussi y admirer le nouvel enregistreur portable SD sur cartes du même nom (à droite).

Nous retrouvions également la marque Antelope Audio, présente cette année au Salon Hifi Home Cinéma, ici avec ses horloges de studio de la série Isochrone, ses jolis et talentueux convertisseurs de la famille Zodiac, et un prototype du nouveau fleuron de la marque, l’Eclipse 384

Véritable préampli numérique haut de gamme, cet appareil comprend des étages d’entrée et sortie analogiques au niveau ligne, des convertisseurs AD et DA de la meilleure tenue, de nombreuses entrées et sorties numériques (électriques sp/dif, AES/EBU et optique TOSLink), et un système interne de double horloge qui trouvera son utilité surtout dans un contexte de conversion de fréquence. Mais cet appareil typé pro pourrait aussi bien équiper des installations domestiques de qualité…



Non loin de là, le distributeur Juke Box Limited déployait une belle panoplie de micros, préamplis, consoles, compresseur/limiteurs et autres effets analogiques, que l’on pouvait écouter notamment grâce à la gamme de casques Ultrasone, la marque allemande qui fait parler d’elle à juste titre depuis quelques années. Une comparaison rapide entre «l’ancienne» référence Pro 900 et la toute nouvelle Pro Signature s’avérait largement à l’avantage de cette dernière. En tout état de cause, ces casques présentent une transparence et une consistance sonores très remarquables.

Autre distributeur incontournable pour les preneurs de son : Areitec, le distributeur historique des marques Schoeps, Zaxcom, Sonosax. Ces deux derniers constructeurs de «mixettes» et d’enregistreurs portables numériques ont récemment enrichi leurs gammes, avec respectivement le modèle modulaire Zaxcom Nomad (jusqu’à 6 entrées micro et 12 pistes d’enregistrement au total, stockage sur carte CF ou SD, transfert des fichiers par Wi-Fi) et le Sonosax SX62R (comprenant un mixeur 6 voies avec un véritable bus de mixage stéréo analogique et enregistreur 8 pistes complet sur disque SSD et carte CF). Airetec importe également MicW, marque sino-anglaise produisant notamment le modèle i-436, petit micro de mesure de très bonne qualité permettant de transformer un i-phone en multimètre audio.

Chez DPA (ex Bruel & Kjaer), présentation de la nouvelle série Reference Standard Mics de transducteurs statiques modulaires. Ici encore il ne s’agissait pas d’une nouveauté absolue, mais il convenait néanmoins de revenir sur ce petit événement dans le monde de la prise de son. Jusqu’ici, DPA ne jurait que par le micro monocorps dédié à une seule application (omni, cardio, hyper cardio, etc…). Une manière pour la célèbre marque danoise de se rendre un peu plus accessible…

Signalons également AETA, fabricant français de codecs audio, qui depuis un an propose son sympathique ForMinX, enregistreur numérique compact à 4 entrées micro, qui constitue une alternative intéressante à certaines solutions plus prestigieuses mais également plus coûteuses.

Les monitors de studio allemands ADAM, dont certains modèles font les éloges de la presse audio domestique, étaient également de la partie. Leur fabrication est exemplaire, leur prix très attractif, et leur restitution sonore séduit de plus en plus de professionnels du studio.



Pour conclure cette partie consacrée au son, citons les sessions d’écoute organisées par Radio France, avec des extraits d’opéras, de reportages ou de concerts pop, sur un système 5.1 de monitors actifs et paramétrables de marque Dynaudio. On entendait par exemple des morceaux du concert de Patti Smith à New-York récemment diffusé sur France Inter, dans une version spatialisée inédite.

Malgré les difficultés rencontrées par l’équipe lors de la prise de son sur place, cette tentative d'immersion au sein du public s’avérait à l’écoute plutôt réussie. Le monde de la radio s’intéresse depuis longtemps aux techniques du multicanal, mais malheureusement sans véritables débouchés concrets de diffusion pour l’instant (si l’on excepte certaines prises réalisées pour la réalisation de DVD). Les ingénieurs du son de la maison ronde tentent néanmoins de mettre au point des protocoles «systématiques» permettant une mise en place et une exploitation rapides de prises de son multicanal. Notons que dans le cas du concert de Patti Smith, rien moins que 14 micros étaient utilisés, en plus des voies «scène» transmises par la régie de sonorisation (!) afin de recueillir l’ambiance de salle.


L'image

Côté image, on retrouvait bien sûr les grands du secteur, tant au niveau prise de vue que projection. Toujours en bonne place, les caméras allemandes Arriflex côtoient les marques japonaises Sony, CanonPanasonic et JVC.


Pour la projection, Christie et ProjectionDesign continuent de fournir une bonne partie du marché du projecteur cinéma et corporate (applications d’entreprise). Mais à la différence de ProjectionDesign, Christie n’aborde pas le marché grand-public.



Depuis quelques années, les nouveaux venus dans la vidéo pro sont paradoxalement les appareils photos numériques, rebaptisés DSLR (Digital Single Lens Reflex). Canon 5D en tête, appareil avec lequel de nombreux courts, moyen et même longs métrages ont désormais été tournés. Cette mouvance fait les beaux jours de fabricants d’accessoires pour l’appareil photo et la caméra tels que L'Aigle, jeune marque française qui propose, à des prix restant abordables, une série d’aides astucieuses à la prise de vue cinéma (supports, stabilisateurs à main, d’épaule ou avec harnais) utilisant les matériaux sélectionnés : latex hyper-élastique, fibre de carbone, carbure de tungstène, aluminium, titane.

Cette tendance profite également à des organismes proposant des formations à la prise en main de l’attirail du ciné-photographe (ou du reflex-vidéaste, comme on voudra), avec rappels théoriques et applications pratiques. Les autres grandes écoles de formation aux métiers de l’image et du son sont également présentes. Une bonne partie du public du SATIS est donc constituée par les étudiants et les enseignants de ces instituts…

Plusieurs sociétés proposent également le report du super 8 ou du 16 mm en vidéo (jusque là, rien d’exceptionnel) mais avec des fonctions automatisées de ré-étalonnage couleur et d’atténuation des à-coups pendant le filmage. Une solution qui s’adresse donc au cinéaste amateur (ou à son père, voire à son grand-père).




Au nombre des accessoires étonnants présents sur le salon, les hélicoptères miniatures télécommandés d’Air Drone (équipés de 6 rotors disposés en arc de cercle !) permettent d’emporter appareils photo et caméras pour des prises de vue aériennes qui coûtent moins cher que la sortie en avion. Sauf peut être si l’engin est mal piloté ! Mais ici, vous aurez à faire à de vrais professionnels.


La technique des écrans auto-stéréoscopiques se stabilise (ce que l’on ne voit pas sur l’écran ci-dessus, pourtant bien capable de reconstituer une saisissante impression de relief). Chez Relief Factory, on produit des films 3D promotionnels ou corporate nécessitant tout de même une captation image selon huit points de vue indépendants, et diffusés selon le procédé développé par Alioscopy. Chez 3D4COM, on aménage et on installe du matériel de diffusion 3D chez les professionnels. Chez Pepsicolor, la technologie mise en œuvre est moins gourmande en nombre de canaux mais tout aussi spectaculaire. Et ce prestataire se propose aussi de convertir tout bon footage 2D ou 3D (L+R) en images autostéréoscopiques avec d’excellents résultats.

NewTek  est l’un des géants de la régie audiovisuelle et propose entre autres choses toute une technologie de plateaux virtuels. 

Ou comment faire de la télévision dans un boudoir, tant il paraît facile d’habiller en temps réel un ou plusieurs speaker avec n’importe quel décor (et même de les positionner dans celui-ci de manière farfelue !).



Instituts de formation, presse et éditeurs spécialisés sont également présents et notamment Réalisason, le bi-mensuel français de l’audio pro, co-organisateur des conférences spécifiques qui se déroulaient dans les espaces Théma


Conférences

Car le SATIS, c’est aussi l’occasion d’assister à des conférences généralistes ou spécialisées, dont certaines devraient être déclarées  d’intérêt (grand) public ! 

Elles sont organisées selon les cas sur la grande scène de l’Agora, ou dans les plus petites salles dédiées à des sujets pointus, aussi divers que le Cloud Computing appliqué au broadcastl’intégration des résolutions caméra 4 et 5K dans les workflow actuels, l’utilisation de la réalité augmentée, ou encore, comme ici, l’Iphone comme couteau suisse de l’ingénieur du son, animée par Michel Pierre, directeur technique d’Areitec et Gisèle Clark, directrice de Réalisason.



Côté logiciels, ce sont les éditeurs tels qu’AdobeApple ou Avid qui délivrent en temps réel de nombreuses sessions de découverte ou de mini-formation sur leurs nouveaux produits. C’est ainsi que des formateurs chevronnés réquisitionnés pour la circonstance doivent présenter un maximum de fonctionnalités d’un Adobe Premiere ou d’un Final Cut Pro en un minimum de temps, avec une dextérité avoisinant les 24 clic-souris/s.


Parmi les conférences programmées à l'Agora, citons en guise de conclusion ouverte, «Nouvelles technologies en production 3D», donnée par Bernard Mandiburu, auteur de l’ouvrage «3D Movie Making» et Vice-President Technology de Volfoni. Une société fondée en 2007, leader dans la vente et la location de solutions 3D pour le cinéma en France

Cette intervention tentait de faire le point sur l’état du marché mondial et de la production de films en 3D, en évitant l’écueil de l'interminable collection de statistiques. Que faut-il en retenir ?

Nous ne l’avons peut être pas trop su en France, mais pour ainsi dire à peine lancé, le cinéma 3D a connu un été 2011 très difficile aux Etats Unis. Le relief au cinéma était-il déjà passé de mode ? En tous cas, ce marché a connu une baisse sensible de fréquentation par rapport au phénomène «Avatar». Et beaucoup d’observateurs se sont interrogés : finalement, à quoi sert la 3D ?
Cette remise en question suivait en fait le cycle naturel des nouvelles technologies, qui connaît souvent des phases de renaissance qui durent 1 ou 2 années à peu près tous les 25 ans, avant de re-sombrer dans l’oubli ou de s’installer pour de bon. Il en est allé ainsi du son multicanal (la quadraphonie de la fin des années 70) et, bien avant encore, de la stéréoscopie (l’engouement du public pour les anaglyphes date des années 20).
Finalement, il faut constater que le surcoût de la 3D relief au tournage est assez faible. La production 3D devient elle-même de plus en plus simple. Par ailleurs, les directeurs s’auto-censurent d’eux-mêmes. Il n’y a déjà plus beaucoup de films de «genre 3D» et chacun convient qu’un mauvais film 2D ne fera jamais un bon 3D… A l’inverse, selon l’avis de B.Mandiburu (et selon le nôtre aussi) «Pina» a été l'exemple remarquable d'une production réussie où la 3D a apporté un vrai plus.
Et c’est l’affluence dans les studios de post-production pour la conversion des blockbusters tournés en 2D à la 3D relief. Il n’y a pas que les «Star Wars» de Spielberg qui y passent ! Pendant ce temps, Peter Jackson tourne son nouvel opus en 3D, avec des caméras 4K voire 5K, à 48 im/s. Toute cette technologie a donc de beaux jours devant elle. D’autant plus qu’outre atlantique plus personne ne se plaint de mal au crâne à la sortie des salles car l’effet relief est aujourd’hui mieux dosé. Mieux encore, des études tendent à montrer que l’image animée en relief a un effet bénéfique sur les jeunes enfants dyslexiques qui présentent de gros problèmes de lecture : regarder régulièrement un film en 3D favoriserait l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. La 3D augmente la compréhension des messages ? Une ouverture dans laquelle ne vont pas manquer de s’engouffrer les producteur de contenus éducatifs. Tout ceci constitue un tableau peut être un peu idyllique… mais tout de même étayé par quelques faits incontournables.
Pour finir, quand quitterons-nous nos lunettes au cinema pour voir en stéréo ? Sans doute pas avant une dizaine d’années. Pour l’instant, l’écran autostéréoscopique est encore trop délicat à généraliser : pour une diffusion de très bonne qualité, il nécessite un tournage sous de nombreux angles de prise de vue. Ce procédé lenticulaire est gourmand en définition. Du coup, le minimum requis pour visualiser une image de haute qualité serait au minimum de 4K (voir l’intro). Dernier point : il ne peut s’observer que sous des incidences bien définies (positions du spectateur entre lesquelles l’image «saute»).



Pour retrouver toutes les informations relatives à ce salon ainsi que les podcasts des conférences, cliquer sur SATIS

Prochains rendez-vous professionnels du même type : les JTSE, salon international des techniques du spectacle, aux Entrepôts et Magasins Généraux de Paris (Porte de la Chapelle) les 29 et 30 novembre 2011,




puis le SIEL, salon des solutions scéniques et événementielles. Ce sera du 29 au 31 janvier 2012, à la Grande Halle de La Villette.