mardi 30 mars 2010

6e Festival PRESENCES électronique



Le son se sculpte aussi !

Cela fait bien des années que le Groupe de Recherches Musicales de Radio France, fondé en 1958 par Pierre Schaeffer, donne à entendre les résultats de ses travaux, diffuse les pièces composées par les artistes qu'il accueille dans ses studios, et poursuit par ailleurs une politique de création de logiciels et d’outils spécialisés (GRM Tools, Acousmographe, CD Rom didactiques…).

Depuis cinq ans, le GRM – qui a rejoint l'Institut National de l'Audiovisuel en 1975 - organise, en marge du festival Présences de Radio-France, la manifestation PRESENCES électronique, dont la 6e édition se déroulait les 26, 27 et 28 mars derniers au Centquatre, ce «nouvel» établissement artistique de la ville de Paris, ouvert à la création contemporaine la plus pointue, et ce dans pratiquement tous les domaines.

Ce sont des raisons «logistiques» qui ont initialement amené les instigateurs de ce festival à se délocaliser au 104, en raison des travaux qui devaient avoir lieu à cette période dans la salle Olivier Messiaen de la maison de Radio France. Mais ainsi, cette édition hors les murs a sans doute bénéficié de la visite d'un public élargi, comme en attestaient les longues files d'attente aux différents concerts (tous gratuits) de cette manifestation. Tout comme elle a pu profiter de l’existence en ce lieu de très grandes salles à la hauteur de déploiements électro-acoustiques exceptionnels.


Signal sur bruit en a fait une visite guidée par Philippe Dao, responsable technique du festival, et à défaut de sons, en revient avec quelques images et informations...





C'est tout d'abord l'Atelier 4 qui s'ouvrait au public pendant ces trois jours, pour les premières sessions d’écoute de 16 h, avec au programme des oeuvres de Karlheinz Stokhausen, François Bayle - qui fût lui même directeur du GRM, ici à droite - et Luciano Berio. L’occasion de redécouvrir des pièces historiques de la musique concrète et électronique, et de constater que Stockhausen, l’autre pionnier de la musique électronique outre-Rhin, fût actif dans ce domaine jusqu’en 1992.

Dans cette immense salle se déployait un dispositif multicanal constitué d'un maillage de quelques 22 points de diffusion : des enceintes traditionnelles de sonorisation (115 XT amplifiées de chez L-Acoustics) disposées sur pieds, posées au sol ou suspendues le long des murs (définissant ce que les ingénieurs du GRM appellent «le cube»). Nous y retrouvions également les historiques boules Elipson BS 40, précieusement conservées par le GRM pour leur rendu acoustique enrobé si particulier (image d'introduction).

En hauteur, un réseau d’enceintes Elipson Planet L dernier cri, et de quatre diffuseurs sonores encadrant la régie. Les Planet embarquent un haut-parleur coaxial professionnel à haut rendement d’origine PHL (présentant une plus grande dynamique que le modèle haute-fidélité équivalent), et ont été repensées en étroite collaboration avec Elipson de manière à pouvoir être suspendues.

Ce système de haut-parleurs était amplifié par deux amplificateurs numériques Lab Gruppen (marque suédoise de matériel professionnel appartenant au même groupe industriel que Tannoy), référence C20 2.8 X (qui embarquent 8 canaux de 250 W, suffisants compte tenu du haut rendement des tranducteurs utilisés), reliés par lien Ethersound à la table mixage Yamaha de la régie centrale.


Les oeuvres multipistes (numérisées ou numériques d'origine) étaient stockées sur Mac Book Pro et lues par le logiciel Digital Performer. Pour des raisons de stabilité logicielle, Philippe Dao avait préféré faire appel une carte externe RME assurant la conversion Fire-Wire 800 (port de sortie du Mac Book Pro) vers le format ADAT accepté par la console Yamaha, ses modules d’interface Fire-Wire étant moins bien gérés par les drivers du système d’exploitation MAC OS.



Le public était invité à s'asseoir ou à s'allonger à même le sol, sur des matelas de mousse en libre–service, les projections sonores se déroulant dans une obscurité quasi-complète, comme pour un vrai happening ! C'est donc une expérience d'immersion sonore totale qui était proposée, dans le cadre d'un espace «non-polarisé» où l'abondance de sources sonores donnait à entendre de beaux effets de spatialisation et de circulation du son.

Les concerts de 18 h se déroulaient dans la salle 200, plus intime, et sonorisée d'une manière presque conventionnelle (8 canaux de diffusion). 


Elle a d'abord accueilli Robin Rimbaud, alias Scanner, pour un set de musique électronique plutôt planante, pilotée une fois encore par un Mac Book Pro équipé du séquenceur Live  et de quelques surfaces de contrôle.




L'arme fatale du sound performer : un Mac Book Pro, Live d'Abbleton et un Tenori-On de Yamaha



Samedi 27, c'était le trublion américain (et presque parfaitement francophone) Charlemagne Palestine qui y fit chanter des verres emplis d'un bon cognac, avant de se lancer - non sans avoir sifflé les verres en question - dans une performance pianistique minimale, percussive et au final tout à fait hypnotique.

Charlemagne Palestine se dirige vers son piano

Enfin, le dimanche, c'est la vocaliste de l’extrême Catherine Jauniaux et eRikm (aux platines) qui investissaient les lieux pour une performance bruitiste - et un peu répétitive quand même – mais qui produisait quelques moments de grâce (une sorte de remix orageux et craquant de l'intro d'«Also sprach Zarathustra», une irrésistible saynette finale basée sur un texte délicieusement absurde de Vassily Kandinsky).


Suite du festival