samedi 19 juin 2010

Festival Agora 2010 - 5



La Nuit du Prototype

Samedi 19 juin, 15 h 30.


Douze jours après l'ouverture du festival Agora, nous voici revenus place Igor Stravinsky, où siège l'Ircam depuis sa fondation. Entre la fontaine et l'église Saint-Merri, une grande scène a été dressée. A 16 h 00, elle reçoit les six membres des Percussions de Strasbourg, pour une exécution en plein air de Pleiades, oeuvre majeure du compositeur Iannis Xenakis, longue d'environ 45 mn. Une pièce finalement plus adaptée à l'espace ouvert d'une agora qu'à celui d'une salle de concert...

H - 2mn. Franck Madlener arpente fébrilement les abords de la scène... Il faut dire que ciel est maussade, le pronostic atmosphérique incertain. 

16 h 05. Les musiciens sont montés sur scène. Les percussions éclatent et rebondissent, les exécutants volent de pupitre en pupitre...

En définitive, le concert se déroule sans incident météorologique majeur, s'il on excepte de minuscules et éphémères gouttes de pluie, et quelques pages de partitions qui se sont envolées au quatre vents. Il en faudrait beaucoup plus pour désarçonner nos professionnels de la frappe !



17 h 00. Dans les coursives de l'Ircam, un public nombreux se presse pour assister aux conférences et pour visiter les laboratoires. Une formule qui renoue avec la tradition des portes ouvertes qui s'y déroulaient régulièrement il y a quelques années. Hugues Vinet, directeur scientifique de l'Ircam, est aux anges... 






Tandis que Frédérick Rousseauresponsable de la valorisation de la recherche, ici avec Estelle Reine-Adélaïde, attachée de communication scientifique de l'Ircam, exulte : "Nous profitons de l'événement pour présenter les tout nouveaux Ircam Tools : TRAX, outil de traitement et de morphing de la voix, SPAT, outil avancé de spatialisation sonore et VERB, qui constitue probablement le meilleur outil logiciel de réverbération qui soit. Avec ces outils, l'Ircam veut proposer aux professionnels, qu'ils soient musiciens, producteurs ou ingénieurs du son cinéma, une palette de plug-ins de haut niveau, dont certains révolutionnent le monde des effets sonores. Nous prévoyons des collaboration avec des musiciens de renom qui souhaitent aussi utiliser des outils comme OMax, notre outil d'improvisation assistée par ordinateur, ou des producteurs qui sont intéressés par mixer leurs albums en utilisant les fonctionnalités avancés de SPAT. Avec la diffusion des balladeurs numériques, le public a pris l'habitude d'écouter de la musique au casque. Or on peut, avec le procédé HRTF (*), recréer une impression d'écoute vraiment tridimensionnelle dans le cadre de l'écoute binaurale, et cela commence à intéresser les maisons de production. Mais aussi de nombreux industriels. Et la lutherie virtuelle permise par l'outil Modalys attire aussi des clients inattendus. Récemment, un fabricant de montres de prestige nous a acheté Modalys pour simuler le tic-tac de ses nouveaux modèles en étude !".

Impossible évidemment d'assister à toutes les animations programmées entre 16 h 00 et minuit, car en plus des visites, on peut assister à des projections de films documentaires de la série "Images d'une oeuvre" ou consacrés à des compositeurs contemporains, et des concerts sont donnés dans l'Espace de Projection, au quatrième sous-sol de la maison. 

C'est ainsi qu'à 18 h 00, Gilles Durot, percussionniste lui aussi, répond en solo et dans une éblouissante virtuosité à la performance des six de Strasbourg. 
Avec Rebonds, du même Xenakis, et Astral/Chromoprojection, du jeune compositeur japonais Kenji Sakai. Mise en perspective d'une première oeuvre fondée principalement sur la notion d'attaque percussive et d'une seconde jouant sur une large palette de couleurs sonores enrichies par l'électronique.


A 19 h 30, projection puis écoute de Dans le mur de Georges Aperghis (ici au centre), interprété par son dédicataire le pianiste Nicolas Hogdes (à gauche), qui sans grand répit se lance à l'attaque de la Klavierstück X de Karlheinz Stockhausen, que seuls quelques pianistes dans le monde sont capables d'aborder.


Toujours dans la grande salle, on pouvait ensuite réécouter deux  extraits de l'opéra K... de Philippe Manoury (assisté de Maxime Le Saux à la régie).

Mouvements entrecoupés de la projection d'une délirante mais pédagogique production audiovisuelle de la fin des années 70, Musique et machines. Introduction à la musique contemporaine n°3, où Michel Lonsdale (Le Compositeur) et Catherine Ringer (Mephistophelia) retrouvaient Pierre Boulez et Andrew Gerzso dans ce même Espace de Projection, à la recherche du synthétiseur absolu !

Enfin, à 23 h, le programme se poursuivait avec Médéric Collignon, en pleine action vocale avec Les bacchantes, un hommage de plus à Xenakis, composé par Georgia Spiropoulos, suivie d'un set d'improvisation, brillante manière de terminer cette Nuit du Prototype et de clore le festival Agora 2010.



(*) La Head Related Transfer Function est une modélisation de l'appareil auditif humain tenant compte de la forme de l'oreille et du conduit auditif.