mercredi 2 juin 2010

Festival Extension 2010


Extension fête brillamment son dixième anniversaire !

L’édition 2010 d’Extension, festival de création musicale orchestré par La Muse en Circuit, se termine dans les prochains jours. Ce dixième anniversaire a été célébré de belle manière, grâce à une affiche exceptionnellement riche et pointue. Compositeurs et interprètes majeurs de la scène contemporaine s'y seront succèdés sans relâche depuis la date d’ouverture du 12 mai.

On aura pu en effet assister au théâtre musical de Georges Aperghis, à de nombreuses créations ou reprises d’œuvres de musique pure - de compositeurs tels que Helmut Lachenmann, Liza Lim, Yann Robin, ou encore Steve Reich - à une soirée spéciale autour d’un instrumentiste (le violoniste Garth Knox) ou encore à d’ambitieux spectacles technologiques et/ou multimédia («Territoires de l’âme» de Jonathan Pontier, «My way to hell» de Matteo Fransceschini et Volodia Serre).


Le 1er juin à la Dynamo de Pantin, c’était la formation Ars Nova, dirigée par Philippe Naon, qui s’emparait de «Broken Circles», crissant poème industriel pour musique et vidéo de Franck Vigroux. Un effectif mixte acoustique et électrique qui n’était pas sans évoquer celui des flamboyantes performances de Soft Machine ou Henry Cow dans les années 70...

Extension 2010, c’était aussi une série de rencontres, d’ateliers et de sessions avant-concert où La Muse pouvait mettre en exergue les actions pédagogiques qu’elle entreprend, notamment avec les élèves des collèges du Val de Marne. Citons par exemple la rencontre du 3 juin autour de l’espace sonore, intitulée «Timbres, espace, mouvement» (d’après Henri Dutilleux), mais aussi le projet collaboratif «Cartes Postales» développé par Sébastien Béranger (spectacle du 4 juin, voir interview ci-dessous).


Signalons enfin la soirée de clôture du festival, le 5 juin, judicieusement placée sous le signe de la chute, avec des œuvres des compositeurs émergents ou reconnus Raphael Cendo, Michael Jarrel, Martin Matalon et du vidéaste Paolo Pachini.



Interview

Pendant le festival, Signal sur bruit a rencontré le compositeur et pédagogue Sébastien Béranger, membre de La Muse en Circuit, à propos de sa création «La part féminine des voi(es/x) épistolaires…».

Cette création est présentée dans les notes de programme comme une «allégorie des mémoires sonores du quotidien» - et sera mise, le 4 juin, en regard d'une oeuvre désormais historique et mémorielle, les «Different trains» de Steve Reich. Un travail collaboratif original, reposant sur les contributions vocales des habitantes de Champigny (94)…
Signal sur bruit : Sébastien, peux-tu nous raconter comment t'es venue cette idée de collecter, de provoquer le matériau vocal de ta pièce ?

Sébastien Béranger : Le projet s’est construit à la demande de la ville de Champigny. Il s’agissait d’impliquer dans un processus de création musicale contemporaine les habitants des quartiers des Mordacs et de Bois l’Abbé. La ville a ainsi demandé à l’ensemble 2E2M et à La Muse en Circuit d’imaginer un projet en commun. Avec Pierre Roullier, qui est le directeur artistique de l’ensemble 2E2M, nous avons eu envie de mettre en avant les femmes de ces quartiers, de leur permettre de s’exprimer librement, sans contrainte, avec comme seul médium leurs voix, leurs chants, leurs langues maternelles. D’où l’idée des cartes postales féminines et sonores …

SSB : Quelles en étaient les modalités pratiques de réalisation, et le nombre de personnes impliquées ?

Sébastien Béranger : Ce travail est avant tout issu du partenariat entre des structures artistiques et la ville. Les «Maison Pour Tous» des quartiers nous ont accueilli, soutenu, et nous ont donné des espaces et des temps de rencontre avec les habitantes. Nous avons commencé par des prises de son extérieures, au fil des conversations, avec quelques interview improvisées et improbables. Mais le travail le plus important a été réalisé avec quatre femmes qui se doivent de rester anonymes (!) et qui ont accepté de livrer, en toute intimité, leurs histoires, leurs voix, leurs chants, leurs accents et leurs origines.

SSB : Comment cela s’est-il déroulé en pratique ?

Sébastien Béranger : Afin d’enrichir la palette sonore, le conservatoire Olivier Messiaen nous a ouvert ses portes pour réaliser des prises avec les élèves des classes de percussion. Nous avons aussi imaginé des sortes de «dons du son», où chacun était libre de venir enregistrer une image sonore de son quartier. Dès le départ, j’avais envie avec ce projet de créer une certaine intimité, que l’auditeur puisse oublier l’aspect «reportage» in situ et qu’il puisse se laisser porter par les voix et par l’émotion qui s’en dégage. Mais d’un point de vue strictement pratique, il est très difficile de faire oublier les micros lors de la prise de son pour enfin accéder à cette intimité !

SSB : Quelle a été la réaction des personnes impliquées à l’écoute du résultat ?

Sébastien Béranger : Je voulais que les quatre héroïnes principales de cette pièce ressortent de cette expérience avec une sorte de cadeau personnalisé. J’ai remixé les parties vocales et électroacoustiques principales de la pièce afin de donner à chacune une petite miniature. A priori, elles étaient ravies du résultat et de s’entendre au sein d’un discours musical. Maintenant, j’attends avec impatience les réactions du public lors de la création, et plus particulièrement celle des campinois.

SSB : A La Muse, comment jugez vous cette dixième édition d’Extension ?

Sébastien Béranger : Le festival Extension est un superbe focus sur les multiples activités de la Muse en Circuit. Cet anniversaire était l’occasion idéale de montrer la richesse de la création musicale contemporaine, de proposer des formes différentes, transversales et pluri-stylistiques. Notre centre s’attache depuis longtemps à décloisonner les genres et le festival nous permet de partager cette richesse avec le public; les musiques se confrontent à la danse, aux œuvres plastiques, aux textes, à la vidéo, se mettent en scène ! 10 ans, 10 propositions artistiques, 10 formes différentes.

SSB : Avez-vous des pistes thématiques pour la prochaine édition ?

Sébastien Béranger : A priori, parmi de nombreux projets, le festival Extension 11 devrait faire la part belle aux ciné-concerts et aux rapports musique/image. Mais il est encore un peu tôt pour dévoiler la suite…

SSB : Merci et à très bientôt, car nous avons d'autres sujets d'intérêt en commun !

Sébastien : A bientôt, dans les locaux de la Muse sans doute !


18, rue Marcelin Berthelot
94 140 Alfortville

e-mail : musencircuit@wanadoo.fr

tél : (33) 01 43 78 80 80
fax : (33) 01 43 68 25 52