lundi 19 octobre 2009

Salon Haute Fidélité - 2



CEC – Van Medevoort - Duevel


Après la dématérialisation du support audio, celle des transducteurs porte un nom : Duevel ! Ici, les nouvelles Sirius (20000 €), au principe de rayonnement à 360°, qui s’avèrent quasi miraculeuses dans le médium aigu, tout en présentant un grave énergique, tendu et très articulé. Dématérialisation… sonore s’entend, puisque ces étranges objets occupent tout de même un sérieux volume ! Véritablement, sur ce système, la douceur des voix est exemplaire.

Il n'était sans doute pas évident compte tenu du principe acoustique retenu (chambre de compression medium-aigu à haut rendement et émission via réflexion sur pavillon tronconique) d'obtenir une telle clarté de timbres. C’est un système avec lequel la restitution d'orchestre est pour ainsi dire holophonique, et que l'on aurait plaisir à écouter de longues heures. Car la présentation du message jouit de qualités d'aération peu souvent rencontrée avec les enceintes traditionnelles... On peut d'ailleurs s'approcher des haut-parleurs sans être agressé par l'aigu, ou se décaler sensiblement par rapport à l'axe des enceintes sans rien perdre en sensation de relief sonore.

Le résultat délivré par les Sirius est très à la hauteur, surtout lorsque les moyens sont là … Et ils étaient réunis, grâce à une solide batterie d’électroniques Van Medevoort : préampli CAQ et son alimentation PSQ (20000 €), ampli de puissance PAQ (2x300 W en classe A, 15000 €). A la source, le lecteur CEC TL1N modifié VM (12500 €) suivi de son convertisseur adapté DAQ (10000 €). Câblage et barrette secteur assurés par Actinote.


Nagra - Verity Audio - Kuzma

L’un des plus gros stands du salon était occupé par Aphrodite Melody, importateur spécialisé dans les marques de prestige, et qui vient d’ajouter la carte Nagra à son portefeuille. Trois systèmes différents étaient présentés en alternance, tandis qu’une débauche d’appareils Nagra retraçait pratiquement l’histoire de la marque.



Beaucoup de visiteurs venaient assister à la démonstration du gros système d’enceintes Verity Audio Lohengrin 2 (71490 €). 
En sources, un lecteur Nagra CDP (12200 €) et une platine Kuzma Stabi Reference (7460 € alimentation incluse) avec bras 4P (5445 € en version câblage argent). Suivaient le préampli Nagra PLL (8650 €), l’unité phono VPS (5250 €) et deux MSA, blocs compacts d’amplification en mode mono (8500 € l’unité).

Un système sans concession, d’une ouverture et d’une transparence sonore exceptionnelles, capable de donner de toute formation une image grandeur nature. 


L’écoute attentive de disques vinyles apportait une immense sensation de naturel du point de vue des timbres, une stabilité de la scène sonore à toute épreuve, et un swing manifeste.
 Effectivement, quelques beaux pressages Blue Note traînaient par là, dont le fameux Something Else de Cannonball Adderley : Un régal. Sur le disque Folk Singer de Muddy Waters, les attaques de la guitare s’avéraient stupéfiantes de vigueur, et la voix du grand rocker excessivement proche.
 Il se murmure d’ailleurs que certains amateurs renonceraient à leur bras Airline (le modèle très haut de gamme Kuzma, tangentiel sur coussin d’air) pour s'offrir le bras 4P, plus facile à mettre en œuvre et d’une vitalité exemplaire…

En «petite» configuration, les Verity Audio Finn (de 5600 à 6000 € selon finition) alternaient avec les séminales Parsifal (21 500 €) et étaient alimentées par un Nagra MSA en mode stéréo et un lecteur CDC (14400 €). Avec la Finn, Verity Audio présente un étonnant transducteur capable d'un impact dans le grave et d’une capacité à remplir l'espace sans commune mesure avec sa taille. Et toujours cette essentielle pureté - accompagnée d’une légère brillance – dans le registre médium aigu. Un système que l’on pourrait qualifier de compact (du point de vue encombrement) mais qui ne laisse pas l’auditeur sur sa faim.

Signal sur bruit a profité d’une longue station sur ce plateau très actif pour interroger Julien Pelchat, fondateur de Verity Audio. 



SSB – Quels sont les principes qui président à la conception des enceintes Verity ? 

Julien Pelchat - «Lorsque nous avons lancé les Parsifal, il y a quelques années, nous nous sommes imposés des contraintes strictes d’encombrement, afin que ce modèle puisse équiper de nombreux intérieurs. Mais nous tenions à leur garantir une bande passante utile de 25 Hz à 20 kHz… à l’époque, car la version actuelle de la Parsifal monte jusqu’à 30 kHz et même au-delà… Cela nous a notamment amené à concevoir un haut-parleur medium très rapide, à très long entrefer et bobine très légère, capable de reproduire la bande 150 Hz à 5,5 kHz. Car nous avons vite rejeté un premier prototype dont la coupure se situait plus classiquement à 2 kHz…» 



SSB – Fabriquez-vous vos propres haut-parleurs ?
J.-P. – «Non, mais nous les concevons entièrement et les faisons réaliser par des fabricants reconnus dans le domaine, qui ont pour noms Audiotechnology, SEAS et Scanspeak. Par contre, nous assemblons nous-mêmes notre tweeter à ruban après que ses différents éléments constitutifs aient été reçus et contrôlés. Le ruban reçoit un traitement spécifique réalisé en nos murs.» 



SSB – Vous proposez aujourd’hui un assez grand nombre de modèles. Pourquoi ? 
J.-P. – «Tout d’abord, retenez que nous nous efforçons d’apporter à tous nos modèles les mêmes qualités de transparence et d’équilibre. Leur taille varie principalement de manière à pouvoir équiper des pièces d’écoute de taille différente. C’est le cas des petites Finn par exemple, notre entrée de gamme, conçue pour des pièces de taille modeste.» 



SSB – Quel est l’effectif de Verity Audio ? 
J.-P. – «Huit personnes en tout… Il s’agit d’une activité quasiment artisanale. Nous réalisons le montage des hauts parleurs et filtres dans des ébénisteries qui sont également sous-traitées. Nous ne possédons pas de chambre anéchoïque, et nous y passons d’ailleurs de plus en plus rarement car l’outil informatique sophistiqué dont nous disposons permet de modéliser un grand nombre de paramètres avec précision. Toute la conception est faite sur ordinateur avec les logiciels Melissa et Sound Easy.» 


SSB – Les enceintes Verity présentent-elles une charge complexe pour l’amplificateur associé ?
J.-P. – «En général, non, la charge est relativement facile. Par exemple, l’impédance des Rienzi ne descend pas au dessous de 6 Ohms, celle des Parsifal reste toujours supérieure à 4 Ohms»

SSB – On vous voit ici associés à Nagra. Mais quelles sont les autres électroniques avec lesquels vous développez vos modèles ?
J.-P. – «Elles sont nombreuses, mais on peut citer DCS, Wavac, Audio Research, Lamm…»

Et pendant ce temps, le troisième système installé - qui faisait appel au modèle Zarastro 2 (39590 € la paire) épaulé par les blocs Nagra VPA (15970 la paire) - reproduisait un concert de flamenco… comme si on y était !




B&W - Classé Audio

Un des stand les plus dépouillés du salon : Dans une assez grande pièce, trônaient une paire d’enceintes B&W Signature Diamant (16 000 €), un lecteur Classé Audio CDP 102 (6000 €), l’amplificateur intégré CAP 2100 (6000 €), un peu de câble Silent Wire, et c’est tout !

 

Un système simple, à défaut d'être tout à fait bon marché, mais vecteur d’une authentique musicalité. L’écoute était savoureuse, sans coloration décelable, et présentait un grain instrumental des plus réalistes. Mise en espace également très réussie. Admirable de vie sur toute formation captée en direct. Un système qui pousserait presque à rester chez soi au lieu d'aller au concert…
Un très joli ensemble, aux performances et au design très aboutis, ce qui est rare. Et c’est Philippe Muller, fondateur du studio Passavant et ingénieur du son émérite, qui apportait sa caution personnelle en effectuant les démonstrations. Ce qui ne peut être tout à fait mauvais signe !


ProAc - Sim Audio - Aestethics - Avid



Dans une première salle, on pouvait découvrir l’enceinte ProAc D38 R (7800 € la paire), superbement alimentée par un ensemble Sim Audio de haut vol : lecteur Andromeda (16250 € avec son alimentation séparée), préampli P8 (15750 € également avec son alimentation propre) et ampli W8 (15250 €). Un câblage haut de gamme The Chord Company complétait le tout (4400 € les 2x3 m de liaison HP, ici doublés).

La preuve manifeste qu’une enceinte ProAc, même de milieu de gamme, profite à fond d’une association avec des maillons exceptionnels. Le système affichait énormément de transparence, dans le cadre d’une écoute totalement dénuée de brillance artificielle. Beaucoup de naturel et de grain, et une indéniable musicalité qui donnait envie d'écouter encore et encore. D’où l’affluence sur ce stand !



Mais on allait encore plus loin en termes d’ampleur et de consistance sonore dans la salle attenante, qui présentait les nouvelles ProAc Pro 8 Carbon (34000 €), alimentées par des électroniques Aesthetix : Préampli phono Rhea et préampli ligne Janus visibles ci-dessus, et ampli de puissance Atlas, produits nouvellement distribués par Musimages.

Entre autres sources, la magnifique platine Avid Acutus Reference (16500 €), équipée du bras Dynavector Tri-planar (4200 €). Qui a dit qu’un bras d’une telle complexité ne pouvait pas bien fonctionner ? Ici aussi, on se pressait pour écouter…


A noter que l’on procédait dans ces deux salles à des écoutes à niveau sonore raisonnable (enfin !), ce qui permettait au passage de bien constater l'imperturbable équilibre tonal des enceintes Proac, même dans les pianissimi. Des enceintes comme toujours d'une finition irréprochable, arborant de très belles essences de bois vernis (mais difficiles à photographier !).